Par Mr. Innocent Bugandwa.

Les crises successives qui ont jalonné la coalition FCC-CACH depuis les élections de 2018 ont conduit le président de la République à consulter la classe politique en vue d’une Union Sacrée de la Nation, laquelle est censée contribuer au meilleur fonctionnement des institutions et partant à l’amélioration du rendement du parti au pouvoir dont les réponses aux demandes multiples des congolais restent très mitigées.

La contribution de l’Union Sacrée de la Nation au développement et à la sécurité en RD Congo est tributaire de quelques exigences.

Dans son discours du 6 décembre 2020, le Président reconnait que son alliance avec le FCC ne lui a pas permis de mettre en œuvre son programme et de répondre aux attentes des Congolais et que « Malgré les efforts déployés, les sacrifices consentis et les humiliations tolérées, cela n’a pas suffi à faire fonctionner harmonieusement cette coalition.

Il annonce en même temps la fin de la coalition FCC-CACH et la création d’une Union Sacrée de la Nation qui travaillera en toute harmonie avec le Président de la République.

Des appels sont lancés vers les partis politiques pour qu’ils participent à la constitution de la nouvelle majorité.

Pour cela, les membres du sénat, notamment le questeur sont déstabilisés par des services de sécurité sans considération de l’image qu’ils risquent de donner au pays en matière de respect des droits de l’homme.

En effet, il y a surement des moyens plus légaux et plus respectueux des droits des tiers de mobiliser une majorité en faveur du régime.

Somme toute, le FCC n’arrête pas de compter les défections. Des partis politiques, même ceux animés par des acteurs politiques jugés les plus répugnants rejoignent l’Union Sacrée de la Nation.

Bref, les rats quittent le rafiot FCC qu’ils voient couler corps et biens. Joseph Kabila et ses hommes de main comprennent à leur dépens et a postériori qu’ils étaient les plus grands bénéficiaires de la coalition FCC- CACH. Le pouvoir s’est définitivement éloigné de Kabila en 2023. 

Les victimes emblématiques du FCC se sont bien sûr déclarées favorables à l’Union Sacrée de la Nation. Tel est le cas de Monsieur Moise Katumbi, longtemps victime des machinations du FCC qui a déjà obtenu grâce au nouveau régime avec l’annulation de sa condamnation à trois ans de servitude pénale dans le dossier Alexandros Stoupis.

Il retrouve depuis décembre 2020 le contrôle de l’ex-Mining Company Katanga (MCK) devenue NB Mining, qu’il se disputait avec le français Pascal Beveraggi. 

Tel est aussi le cas du sénateur Bahati Lukwebo qui a accumulé moult humiliations par les ténors du FCC. Grace au CACH, Monsieur Bahati retrouve la présidence de son regroupement politique AFDC et alliés et peut se permettre de rêver que sa nomination comme « informateur » est une opportunité d’occuper finalement le perchoir du sénat si pas la primature.

L’Union Sacrée offre surement à Monsieur Jean Pierre Bemba dont le casier judiciaire n’est plus vierge, l’occasion d’une réhabilitation au moins aux yeux de l’opinion nationale.

Si on peut comprendre que des aigris du FCC, Dieu seul sait qu’ils étaient nombreux, désertent cette plateforme, des ralliements comme celui de Monsieur Lambert Mende et son parti politique le CCU, ancien Ministre de la Communication, celui de l’actuel Ministre des actions Humanitaires, Monsieur Steve Mbikayi ou celui de Monsieur Ngoy Kasandji, ancien gouverneur du Kasai, laissent dubitatifs plus d’un observateur politique.

L’honorable Marie Ange Mushobekwa, avoue ne rien comprendre à la politique congolaise.

La nouvelle majorité plutôt éclectique est constituée aussi par les anciens du FCC. Ce qui ne manque pas de susciter des interrogations quant à son efficacité.

D’aucuns soutiennent que l’Union Sacrée n’est que le FCC bis. Les doutes persistent quant à la loyauté et à l’éthique politique des nouveaux adhérents. Les mêmes causes engendrant les mêmes effets attend-on dire. Même l’ancien Premier Ministre Matata qui a subi les brimades de ses anciens camarades de parti n’a pas manqué de balancer quelques sarcasmes et d’émettre ses doutes quant à la capacité de ces nouveaux adhérents à changer les choses à côté de l’actuel président de la République.

Ces doutes suscitent la question de la motivation des politiciens qui désertent le FCC. Pour la population, à part quelques-uns qui, comme Julien Paluku dont le ralliement a été sincère et spontané, les motivations d’autres adhérents à l’Union Sacrée sont plutôt personnelles.

Cela peut être des frustrations dues à des humiliations subies. Pour d’autres députés, ce serait plutôt la peur d’une décision présidentielle de dissoudre le parlement si la crise persiste.

Ils pourraient ne pas être réélus et il est évident qu’ils n’ont pas les moyens financiers d’affronter une campagne électorale. Aussi, la perte des immunités n’est pas une perspective très attrayante pour certains députés et sénateurs qui ont trouvé refuge au sein du parlement.

Pour les chefs des partis politiques dissidents qui ont attendu indéfiniment dans le FCC une éventuelle nomination, la constitution de l’USN est l’occasion de mettre sur l’étalage, « leurs députés » en vue de les troquer contre quelques postes.

Le CACH est visiblement englué dans ce sable mouvant qu’est le FCC et ses anciens membres.

Que peut-on espérer d’une union ainsi constituée ? comment satisfaire tous ces vautours qui n’ont pas nécessairement à l’esprit l’intérêt supérieur de la Nation Congolaise ? Comment collaborer avec eux pour répondre aux multiples demandes de la population et engrangés quelques résultats positifs susceptibles d’être présentés à la population en 2023 ?

Ces questions doivent être une véritable équation à plusieurs inconnues pour le président de la République et pour ses conseillers. Il est déplorable que l’ancien directeur de cabinet du chef de l’Etat, l’honorable Vital Kamerhe, membre influent du CACH ne participe pas formellement aux discussions en cours.

Sa vision et sa bonne connaissance du système politique kabiliste seraient surement un atout précieux. Un dénouement rapide de son procès en appel lui permettrait d’être un maillon indispensable de l’Union Sacrée de la Nation. Ma suggestion serait que Monsieur Kamerhe soit aussi consulté et donne son avis en attendant que son prochain acquittement lui permette de retrouver sa place au sein du CACH et de l’USN.

Quoi qu’il en soit, pour l’opinion nationale, l’intérêt Supérieur de la Nation n’est pas à marchander avec des personnes issues du FCC et dont la visée première serait de se remplir la panse et les poches.

Pourtant le Président ne peut pas s’en défaire. Il a besoin d’une marge d’action pour mener à bien sa politique. N’ayant pas dissout le Parlement, le Président ne peut la puiser qu’auprès de ceux qui se l’étaient attribués en 2018. C’est-à-dire le FCC. Cette majorité il la veut au sein du Parlement, tel qu’il est au jour d’aujourd’hui.

Par conséquent, que cela plaise ou pas, les têtes des députés que nous verrons au sein de l’USN seront pour la grande majorité celles que nous avons vue au FCC.

Caser ce beau monde au sein des institutions ne sera pas chose aisée. Il nous semble que la présidence devra négocier avec les chefs des partis politiques qui ont rejoint l’USN. Les postes devront être répartis au prorata des députés à l’assemblée nationale, la composition du Gouvernement tenant compte de la représentativité nationale en vertu de l’article 90 de la constitution.

Il est important que le CACH ne tombe pas dans les erreurs du FCC. Cette coalition devra éviter de s’arroger la part du lion. Son souci ne devra pas être non plus de satisfaire vaille que vaille des individus proches de ses animateurs.

Eviter de créer des frustrations garantira la survie de l’Union Sacrée. L’UNC comme l’UDPS doivent s’attendre à perdre quelques postes pour faire de la place aux nouveaux arrivants. Cependant, on ne devra en aucun cas oublier que l’USN est créée pour permettre au CACH de mettre en œuvre sa politique.

Par conséquent il est tout à fait normal de remettre sur la table de négociation les accords de Nairobi qui donnaient Vital Kamerhe, Premier Ministre. Qui mieux que lui connait le programme du Président de la République et peut le mettre en œuvre sans faille ?

Il est tout autant équitable que le CACH prenne en charge les ministères importants comme ceux de souveraineté.

Les calculs politiciens et un peu d’équité permettront aux différents regroupements de se mettre d’accord sur la répartition des postes. Les chefs des regroupements doivent prendre part à l’harmonisation des cahiers de charge, aux discussions sur la clé de répartition des postes et sur la détermination des critères de choix des animateurs.

Les discussions ne peuvent avoir lieu qu’après l’achèvement du processus de création du CACH. Tenter de négocier en aparté des postes comme l’ont fait le MLC et Ensemble pour la République est une tentative peu loyale de prendre le processus en otage.

Il me semble que la question la plus pertinente soit celle de la collaboration entre les animateurs du CACH avec des individus issus d’un système réputé foncièrement corrompu. Peut-on faire confiance à ces personnes ou doit on exiger aux responsables des regroupements politiques de présenter au président des nouvelles têtes, supposées avoir les mains propres ?

Il me semble qu’en plus de s’immiscer dans la gestion quotidienne des partis et regroupements politiques, on risquerait de provoquer des frustrations qui ne seraient pas favorables à la pérennisation de l’USN.

L’autorité morale du FCC avait lui-même reconnu que malgré la pléthore d’individus qui le cerner de tous côtés, il n’avait pas été en mesure de trouvé quinze (15) honnêtes citoyens.

Il a confirmé cet aveu d’échec lorsqu’il avait confessé qu’il n’avait pas réussi à « changer l’homme congolais ».

Il me semble donc que le défi soit moins le changement superficiel des têtes que le changement profond des hommes.

Ceci dans la mesure où, reconnaissons-le, la plupart des congolais aujourd’hui susceptibles d’occuper des postes politiques sont nés sous les régimes réputés corrompus. Les jeunes et les femmes n’ont pas été épargnés. La corruption fait quasiment partie des mœurs dans ce pays. Elle gangrène la vie de presque tous les congolais.

Il est quasiment impossible de trouver une personne qui n’a jamais corrompu, contrainte de corrompre ou n’a jamais été corrompue ou contrainte d’accepter la corruption. La corruption et la loi du moindre effort sont devenues presque naturelles.

On changerait des têtes au risque de les remplacer par d’autres têtes qui pourraient s’avérer encore plus perverses que les précédentes. Il s’agit donc de provoquer une véritable conversion que de tète. La conversion implique de la part de nouveaux adhérents et surement de certains membres du CACH un changement des mentalités, d’attitude, de comportement Convertir l’homme congolais. Tel est l’enjeu majeur de l’heure.

Pour y arriver, il me semble important qu’il soit rappelé aux nouveaux animateurs des institutions congolaises les normes éthiques et surtout pénales qui encadrent leur profession. Il doit être clair dès le départ, qu’en plus de l’apport en termes de députés, les nouveaux adhérents à l’USN doivent apporter au Président de la République et à la Nation congolaise un savoir être incontestable, visible par l’application des valeurs d’équité, d’intégrité, de loyauté, de civisme et même de ponctualité. Il va de soi que les sanctions politiques, administratives et pénales devront participer au processus de redressement des comportements.

L’Inspection Générale des Finances, la Cour des comptes, les institutions judiciaires devront travailler en toute indépendance, en toute objectivité et impartialité de manière à éviter des procès- folklore comme celui auquel on a assisté en avril 2020.

Il faut en outre apporter au Président de la République un savoir et un savoir-faire évident. Cela suppose non seulement des compétences indiscutables mais aussi un engagement sans faille à la réalisation de la vision et de la Politique du chef de l’Etat. Cela suppose de façon triviale une présence et une permanence rentable au travail, une collaboration franche avec l’administration et les services spécialisés des ministères, une recherche active des résultats immédiats en faveur de la population. Dans les ministères, les évaluations régulières faites par le Premier Ministre devraient être réalisées pour encourager les meilleurs et écarter les maillons faibles.

Il sera aussi nécessaire d’encadrer les conseiller à la présidence. Ils devront arrêter de se considérer comme étant au-dessus des ministres. Ces conseillers, qu’ils soient « spéciaux » ou « principaux » doivent autant que faire se peut éviter de donner des injonctions aux ministères et aux services spécialisés. Leur rôle étant d’accompagner le chef de l’état, il ne leur appartient pas d’exécuter les attributions dévolues aux ministères.

Ces interférences risquent de donner aux nouveaux venus que le régime navigue à vue et qu’on serait dans une République anarchique ou tout serait permis pour peu qu’on soit proche du Président. On se rappellera l’amoncellement des dérives oratoires d’un certain conseiller spécial appelé à témoigner contre son directeur de cabinet lors du procès dit de 100 jours.

Aussi, les congolais adorent les adages du genre « l’exemple vient d’en haut » ou « le poisson pourrit par la tête. Le cabinet du Président de la République devra prêcher par l’exemple.

Si d’aventure les malversations et autres comportements inappropriés partent du cabinet du Président de la République, il est évident que les cabinets ministériels, les administrations publiques jusqu’à leurs échelons les plus bas l’apprendront et suivront l’exemple.

Je suis convaincu que si le régime Kabila a lamentablement échoué surtout au cours de quatre 4 dernières années de son règne, c’est essentiellement à cause de l’impunité liée au fait qu’incapable de changer le système, il a été « changé » par le système. La présidence doit être le modèle d’une gouvernance politique, administrative et financière saine et crédible.

2023 n’est plus loin et les goulots d’étranglement qui ont « bloqué » les changements souhaités par la population et impulsés sont en train d’être levés. Ils ne seront plus une excuse suffisante pour justifier un éventuel échec du régime.  L’heure est venue de se mettre au travail et d’améliorer le bien-être des congolais.




Matthias

Matthias - 04/02/2021 21:00 - Répondre 

Personne n'est indispensable pour la nation! L Nation continue a fonctionner!


Job KAKULE

Job KAKULE - 20/01/2021 22:35 - Répondre 

Bien....