À quelques heures de l’entérinement de l’accord de paix de Washington entre la RDC et le Rwanda avec la signature du cadre d’intégration économique régionale ; plusieurs acteurs politiques et sociaux du Nord-Kivu, province touchée par les violences armées depuis plusieurs décennies, expriment leur réserve.

Dans un entretien téléphonique avec Grands Lacs News, le politologue Katembo Isse Riguene estime que tout processus de paix doit être inclusif et validé par les institutions nationales : « Le gouvernement devait ramener cet accord à l’Assemblée nationale pour que les députés en débattent et le ratifient avant toute signature. Nous classons cet accord dans les formalités déjà connues en RDC, et il ne faut pas y mettre foi pour régler la question sécuritaire », estime-il.

Juvénal Munubo, avocat au barreau de Goma et député national honoraire, élu du territoire de Walikale au Nord-Kivu insiste sur la nécessité de transparence.

Selon lui, les parlementaires, la société civile et la population doivent être informés du contenu précis des textes négociés à l’étranger.

Et pour Stewart Muhindo, militant du mouvement citoyen LUCHA, les limites de l’accord vont au-delà de la simple absence d’information du Parlement : « Le problème n’est pas au niveau du fait que le Parlement n’est pas informé. Le problème, c’est que cet accord ne répond vraiment pas aux causes profondes du conflit. Il n’implique pas tous les acteurs concernés par la violence, et surtout, il n’implique pas les victimes. Nous continuons à plaider pour un dialogue plus large, celui proposé notamment par la CENCO et l’ECC », soutient-il.

Notez que la rencontre prévue le 4 décembre à Washington s’inscrit dans les efforts diplomatiques américains pour encourager la désescalade de tension entre Kinshasa et Kigali.

De son côté, le gouvernement congolais affirme qu’il ne s’agit pas de négocier avec le M23, mais de réitérer ses exigences en matière de souveraineté, de sécurité et de garanties contre tout soutien étranger aux groupes armés de l’Est.

Aussi, les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame ont déjà foulé le sol américain pour parapher ce que la Maison Blanche présente comme un accord historique entre les deux pays voisins.