L’ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, est décédé ce dimanche 16 janvier 2022 à Bamako, à l’âge de 76 ans. Il a dirigé le pays de 2013 à 2020. Retour sur son parcours politique.

Au pouvoir jusqu’à son renversement par la rue en 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta a longtemps incarné les espoirs de paix des Maliens, confrontés depuis des années à des attaques jihadistes et aux violences intercommunautaires.

Sa première élection à la magistrature suprême, en 2013, dans la foulée de l’intervention réussie de l’armée française contre les islamistes au nord du Mali, avait marqué la fin de la crise la plus grave que ce pays a connue depuis son indépendance en 1960.

On le savait malade. En 2015 déjà, il était donné pour mort lorsqu’il a disparu de l’écran en allant se faire soigner à Istanbul. Puis, en avril 2016, il a été opéré en France d’une « tumeur bénigne », selon le communiqué de presse officiel.

En juin 2020, profitant du mécontentement populaire, l’opposition malienne, longtemps divisée, se constitue en une coalition hétéroclite réunissant opposants politiques, guides religieux et membres de la société civile.

Le « Mouvement du 5 juin » organise plusieurs manifestations, réclamant la démission du président Keïta, accusé de mauvaise gestion et de corruption.

Le 18 août, après avoir été contesté dans la rue des semaines durant, le président malien est arrêté par des militaires qui avaient entre-temps rejoint les manifestants.

Ce sont les médiateurs de la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) qui arracheront à la junte désormais au pouvoir à Bamako la libération du chef de l’État déchu afin que celui-ci puisse rentrer chez lui et se faire soigner pour ses problèmes de santé.   

En septembre 2020, quelques jours après le renversement de son régime, il fut victime d’un accident vasculaire cérébral qui avait nécessité une évacuation sanitaire vers les Émirats arabes unis.

Il était revenu au pays en octobre, suite à un séjour médical d’un mois et demi à l’étranger.

« J’ai beaucoup à apporter au Mali », aimait répéter le président Ibrahim Boubacar Keïta qui a cru jusqu'au bout à sa bonne étoile.

Ce « musulman cartésien », selon sa propre formule, n'aura pas eu le temps, ni sans doute l’énergie, pour mener à bout sa promesse de réédification de l’État malien.

Décédé à son domicile de Bamako ce dimanche 16 janvier 2022, l’homme aurait eu 77 ans à la fin du mois.

Le coup d’État qui l’a renversé en août 2020 a été suivi d’un deuxième en mai 2021, portant à la tête du pays une junte conduite par le colonel Assimi Goïta.

Le refus de ce dernier d’organiser des élections démocratiques permettant le retour des civils au pouvoir a conduit la Cédéao à infliger de lourdes sanctions au Mali.