Des députés provinciaux du Nord-Kivu, dans une correspondance adressée au président Félix Tshisekedi, sont revenus sur la très controversée question de l’état de siège.

Ils ont ainsi partagé leurs constats en termes d'évaluation « objective » de cette mesure exceptionnelle prise par le chef de l’état il y a maintenant 9 mois.

Ceux-ci ont rappelé que l'état de siège a été proclamé sans avoir préalablement voté une loi portant modalités de son application conformément à l'article 85 de la constitution et ce, jusqu'à ce jour : « Il l'a été pour une durée constitutionnelle de trente (30) jours, mais sans chronogramme préalable pour servir de boussole quant au déploiement des animateurs, à la conduite des opérations militaires, aux actions à mener et aux résultats à atteindre », ont souligné les élus provinciaux qui estiment que « l’état de siège est beaucoup plus politico-médiatique qu'opérationnelle et n'est resté qu'un slogan et un cynisme contre notre population longtemps meurtrie. »

Ils ajoutent que « ce slogan a non seulement constitué une alerte suffisante, mais également il a offert une occasion à la cible de l'état de siège de mieux comprendre ce dont il était question, de mesurer ses forces et ses faiblesses pour ainsi brouiller toutes les cartes et diminuer les chances de sa réussite.»
Ceux-ci déplorent par ailleurs que « l'état de siège est prorogé, non sur base des résultats des opérations sur terrain ou des avancées constatées au cours d'une évaluation, mais plutôt selon les intérêts, les humeurs et les attitudes des décideurs. »

« Le risque devient ainsi évident d'imposer à la population des conditions de vie exceptionnellement restrictives durant une période indéterminée. La population n'étant plus à mesure de supporter indéfiniment ces mesures restrictives, des signaux clairs de soulèvement commencent à surgir dans différentes circonscriptions et, cela présage dans un futur proche, l'ingouvernabilité de notre chère et belle Province du Nord – Kivu », préviennent ces députés provinciaux.

Ils soulignent également que l’état de siège a été étendu aux zones où l'intégrité du territoire national n'est pas menacée ou de nature à affecter profondément le fonctionnement régulier des institutions, et avec cela, les efforts et les moyens limités du gouvernement sont gaspillés et/ou dilués sur des vastes étendues pour ne rien produire comme résultat.

« 9 mois après, les opérations militaires annoncées avec pompe dans le cadre de l'état de siège ne sont jamais lancées contre les groupes armés tant étrangers que nationaux et l'armée ne qu'à la défensive », affirment les députés du Nord-Kivu qui déplorent que la population continue à assister impuissamment aux tueries atroces, aux assassinats, aux pillages et aux vols des biens ainsi qu'aux multiples tracasseries de toute sorte, en l'occurrence la perception illégale des sommes indues, l'érection des barrières payantes tant par les groupes armés que par les forces armées loyalistes sur toute l'étendue de la province.

« Lorsqu'une mesure dite exceptionnelle dure longtemps, elle cesse de l'être, elle se normalise, on s'y habitue, elle dévie ses objectifs et suscite d'autres ambitions que d'aucuns peuvent imaginer », signifient-ils.

Les élus provinciaux du Nord-Kivu ont également rappelé que contrairement aux articles 1 et 2 de l'ordonnance n°21/016 du 03 mai 2021 portant mesure d'application de l'état de siège, les membres des Gouvernements provinciaux et des Assemblées provinciales ne jouissent
nullement de leurs avantages sociaux : « Le bien-être collectif de la population que les autorités de l'état de siège devraient assurer n'est pas au rendez-vous. Les autorités provinciales militaires échappent à tout contrôle et utilisent à leur guise les recettes propres de la province qui, pourtant, devaient servir au développement de cette dernière et ce, en dépit des fonds d'investissement, de la rétrocession et des fonds liés aux opérations
militaires », indiquent-ils affirmant que les hommes de troupe et leurs commandants continuent à croupir dans leur misère légendaire.

Ils ont également révélé avoir plusieurs fois sollicité auprès du Gouverneur militaire des séances d'échange autour de la vie socio-économique et sécuritaire de la province, mais sans succès, chose qui selon eux « dénote un mépris avéré vis-à-vis de la notabilité de la Province, et particulièrement de l’assemblée provinciale, la société civile et les chefs traditionnelles qui, pourtant, peuvent aider à la bonne mise en œuvre des opérations. »

« Les relations civilo-militaires sont très faibles, pour ne pas dire inexistantes. En conséquence, l'état de siège souffre d'un manque profond d'appropriation par la population et parait comme un complot contre la Province du Nord-Kivu », expliquent-ils.

Aussi, ils fustigent « les arrestations arbitraires à l’endroit de leurs collègues, notamment le député KAMBALE LUKOGHO, détenu depuis plus de trois mois maintenant.

Enfin, ils recommandent la levée de l’état de siège et éventuellement migrer vers un état d'urgence sécuritaire pour une durée bien déterminée, des objectifs essentiellement de paix et de sécurité avec des indicateurs bien définis.

Ils appellent à doter les forces armées de la République d'une logistique conséquente et des moyens importants et à la hauteur des actions à mener dans le cadre des opérations militaires de routine tout en rendant opérationnel et sans plus tarder, le Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS) dans les entités non couvertes par les opérations militaires de l'état de siège.

Ils soulignent qu’il faut identifier et punir sévèrement les officiers militaires qui s'adonnent à la mafia, qui sont impliqués dans les magouilles, qui collaborent avec les groupes armés, qui détournent les fonds des opérations et qui violent les droits humains, et procéder au désengorgement des milieux carcéraux et à l'amélioration des conditions carcérales.

« Le coordonnateur des opérations conjointes étant déjà nommé pour les deux provinces concernées par l'état de siège, il sied de décharger les deux gouverneurs militaires afin qu'ils servent la République dans l'armée pour ainsi réhabiliter l'administration civile », concluent-ils.




izz

izz - 16/02/2022 12:01 - Répondre 

qu'ils aillent se faire foutre...


Djamba NDJOLO

Djamba NDJOLO - 14/02/2022 10:29 - Répondre 

Ça commence mal...