
Alors que les regards sont tournés vers Washington où la signature d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda est attendue le 27 juin prochain ; une enquête de la chaîne américaine NBC News vient relancer le débat autour de l’implication directe de Kigali dans la guerre en cours dans l’Est de la RDC.
Dans une vidéo, ce média revient sur des documents exclusifs et autres éléments attestant de la présence des soldats rwandais (RDF) opérant sur le sol congolais, identifiables par leur drapeau sur leurs uniformes.
Pour NBC, les images sont formelles : des hommes lourdement armés, en tenue militaire standard des RDF, ont combattu aux côtés des rebelles du M23.
Kigali persiste dans ses dénégations
Si le gouvernement rwandais n’a pas encore officiellement réagi à cette nouvelle mise en accusation, Kigali a toujours rejeté ces allégations qu’il qualifie de « propagande politique » destinée à détourner l’attention des problèmes internes de la RDC.
Le Rwanda inique simplement avoir pris des mesures sécuritaires pour se protéger.
Le M23 contre-attaque sur le terrain médiatique
De son côté, le M23, accusé de multiples exactions, a récemment publié un rapport dans lequel il réfute les nombreuses accusations de violations des droits humains portées à son encontre par les Nations unies et plusieurs ONG.
Le mouvement rebelle affirme respecter le droit international humanitaire et rejette toutes les exactions contre des civils, mises à sa charge, mais pointe du doigt l’armée congolaise (FARDC) et ses alliés, les résistants Wazalendo.
Ce rapport semble s’inscrire dans une stratégie de légitimation sur le plan politique et médiatique, à l’heure où le M23 serait discrètement inclus dans certaines discussions pour une issue pacifique à la crise.
Un accord sous pression, mais peut-être salutaire
Cette nouvelle polémique survient à un moment charnière. Après plusieurs tentatives de médiations, celle des États-Unis, qui semble la médiation de dernière chance, va aboutir, sauf imprévu, à la signature le 27 juin dernier, d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda.
Ce dernier porte sur des enjeux politiques, sécuritaires et économiques et comprend ainsi des dispositions portant sur le respect de l’intégrité territoriale et l’interdiction des hostilités ; le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle de groupes armés non étatiques entre autres.
Des diplomates américains interrogés sous anonymat affirment que la publication de cette vidéo ne remet pas en cause l’agenda des pourparlers, mais reconnaissent que cela complexifie la dynamique et appelle à davantage de transparence de la part de tous les acteurs.
Appel à la responsabilité collective
Du côté de Kinshasa, certains responsables politiques voient dans cette vidéo la preuve que leurs accusations étaient fondées.
Des voix de la société civile exigent même la suspension des négociations tant que la lumière n’aura pas été faite sur la présence présumée de troupes rwandaises en RDC.
Cependant, d’autres acteurs, notamment religieux et communautaires, appellent à ne pas rater cette opportunité historique de paix : « La paix est un processus fragile, mais nécessaire. Si les faits sont avérés, ils doivent être traités dans le cadre de la vérité et de la réconciliation, et non servir à attiser de nouvelles violences », confie un diplomate africain impliqué dans le processus.
Vers une paix avec justice
Cette nouvelle étape dans le long conflit de l’est de la RDC rappelle une vérité souvent oubliée : la paix durable ne peut reposer que sur la vérité, la responsabilité partagée et la volonté de réparer les blessures. Le chemin est semé d’embûches, mais les acteurs régionaux et internationaux ont encore une semaine pour faire prévaloir la diplomatie sur la défiance, et offrir une chance à des millions de civils piégés entre deux feux.
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