Ce jour-là, 13 mars comme aujourd'hui, mais en 1967, le tribunal militaire de Kinshasa inculpe Moise Tshombe [ex-Premier ministre du Congo-Léopoldville de juillet 1964 à Octobre 1965] de haute trahison, avant de le condamner à mort par contumace.

Le gouvernement de Léopoldville (Kinshasa) demanda par la même occasion son extradition (il résidait en Algérie).

Le 21 juillet, la Cour suprême d'Alger rendait un avis favorable à la demande d'extradition des autorités de Kinshasa. Toutefois, celle-ci n'aura pas lieu.

Pour rappel, depuis son coup d'Etat de novembre 1965, le Président Mobutu a son esprit hanté par un personnage : Moïse Tshombe.

Lumumba mort, Kasa-Vubu confiné dans son village, le dernier des leaders de l’indépendance demeure l’ultime rival du général-président.

Il est même, à ses yeux, un homme à abattre.

Déchu de tout mandat, exilé en Europe – à Bruxelles puis à Madrid –, Tshombe désire vivement rentrer au Congo : "Mon pays a besoin de moi. Je n’ai pas le droit de le décevoir", dira-t-il aux journalistes.

Tisse-t-il une conspiration pour parvenir à ses fins ? C’est ce que croient savoir les Américains, détails à l’appui.

Ils en informent aussitôt Mobutu, qu'un coup d’État en faveur de Tshombe est, selon eux, programmé.

Il impliquerait environ deux cents mercenaires sud-africains et rhodésiens.

Quelques jours plus tard, le danger prend forme. Quelque 2.500 gendarmes katangais du régiment Baka, en garnison à Kisangani (ex-Stanleyville), se révoltent.

Sous les ordres du colonel Ferdinand Tshipola, ces "Diabos", comme on les surnomme, sont regroupés en trois bataillons homogènes, encadrés par des mercenaires.

Ont-ils partie liée avec Tshombe, comme l’affirmera Mobutu en dénonçant un "complot impérialiste monté par des financiers étrangers ?" Sans doute.

Mais les mutins ont leurs propres griefs : des soldes trop faibles, des promotions trop tardives, des missions trop périlleuses.

Soudés par un esprit de corps, ils craignent surtout qu’on ne les disperse d’une unité à l’autre et qu’ils ne soient ainsi exposés, vulnérables, à l’éventuelle vengeance des chefs militaires, pour la plupart originaires, comme Mobutu, de l’Équateur.

C'est dans ces circonstances que Moise Tshombe sera inculpé, puis jugé par contumace.

A partir du 2 juillet 1967, le Congo-Kinshasa demande à trois reprises l’extradition du captif auprès du gouvernement algérien, successivement par Mungul Diaka (ambassadeur en Belgique), Singa Boenge Musambayi (chef de la sûreté) et le procureur de la République André Kabeya.

Boumediene pose des conditions inacceptables pour Kinshasa.

Tshombe est un bien précieux prisonnier dont il veut se servir pour faire chanter le monde occidental et ses alliés.

En effet le président algérien exige du Congo-Kinshasa en échange de l’extradition de Moïse Tshombe, la rupture de ses relations diplomatiques avec Israël, la libération de Gaston Soumialot et des autres mulélistes emprisonnés.

Jugée proposition irrecevable, Mobutu refuse.

Via www.babunga.alobi.cd