Ce jour-là, 8 juin comme aujourd’hui, mais en 1971, Mobutu enrôle dans l'armée, par force, tous les étudiants congolais de l'Université Lovanium, à l'exception des étudiants étrangers (belges, burundais, camerounais, rwandais...) : tout le corps estudiantin est enrôlé sans autre forme de procès.

C'était un mardi. Dans l'après-midi, l'on enrôle de force environ 2.800 étudiants : prêtres et religieux, hommes et femmes, parentés des grands généraux ou des simples soldats, des ministres, hauts fonctionnaires, ouvriers ou chômeurs. Le pays entier était en émoi.

Tous les étudiants furent pris, puis répartis en pelotons, sous les ordres d'un adjudant, un sergent et un caporal.

Puis, en rangs et au garde-à-vous, ils écoutèrent les harangues d'un général qui fustigeait leur indiscipline et immaturité.

Les 1ères semaines dans les camps militaires furent très éprouvantes.

Non seulement à cause des conditions de vie particulièrement difficiles, mais surtout des brimades de toutes sortes, des actes d’humiliation et des corvées de travail imposées sans arrêt aux étudiants.

Mais au fil des jours, une familiarité commença à se créer entre les ex-étudiants et les soldats. Certains s’étaient découvert des liens tribaux ou familiaux lointains. D’autres s’étaient simplement liés d’amitié avec des étudiants.

Désormais, les ex-étudiants pouvaient, après les corvées journalières, passer ses soirées dans les familles des militaires, dans un cadre familial.

Ces longues soirées passées chez les militaires étaient aussi l’occasion pour les ex-étudiants d’expliquer leurs motivations.

Pour Mobutu, le danger de conscientisation politique des militaires était réel.

C’est ainsi qu’il mit brutalement fin au séjour des ex-étudiants dans les casernes, trois mois à peine après les avoir conduits. Les étudiants furent sommés à regagner les campus universitaires

Il leur fut accordé de reprendre les études, tout en restant sous le statut militaire avec le grade de sergent.

C'est au cours de la même période que fut créée l'Université Nationale du Zaïre (UNaZa), avec ses 3 campus de Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani.

La reprise des activités académiques fut difficile. Il fallait répartir les étudiants et les professeurs entre les trois nouveaux campus qui venaient de naître, organiser la vie militaire des étudiants militaires qui devaient en même temps s’acquitter d'autres obligations.

À cela s’ajoutaient les difficultés financières, le budget de l’État, chroniquement insuffisant, n’ayant rien prévu pour le fonctionnement de l’institution universitaire nouvellement créée.

L’Université Lovanium était bel et bien morte, et tout le système éducatif du pays.

 

Avec Benjamin Babunga, via www.babunga.alobi.cd




Job KAKULE

Job KAKULE - 10/06/2022 17:32 - Répondre 

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