L’ancien premier ministre Matata Ponyo, séjournant aux Etats-Unis, s’est exprimé sur les récentes assisses de réconciliation du Grand Katanga.

Il explique que c’est depuis quelques années que ce forum était ardemment voulu par plusieurs acteurs politiques du Katanga, principalement ceux proches de l’ancien président de la république, Joseph Kabila.

L’objectif principal, poursuit-il, était de rapprocher ce dernier avec l’ancien gouverneur de province du Katanga, Moise Katumbi, devenu depuis lors un opposant farouche à l’ancien président de la république.

« Cela a pris du temps à cause principalement de la réticence du camp de l’ancien gouverneur », affirme le sénateur Matata Ponyo qui rappelle que l’entre-temps, le paysage politique a beaucoup changé : « la majorité parlementaire est passée du camp du Front Commun pour le Congo (FCC) contrôlé par l’ancien président Kabila à celui de l’Union sacrée du Président de la République Félix Antoine Tshisekedi. Aussi, les relations entre cette dernière et l’ancien gouverneur se sont beaucoup refroidies », indique-t-il soulignant que Moise Katumbi, qui fut l’un des principaux acteurs de l’écroulement de la majorité présidentielle du FCC, n’a été que faiblement récompensé.

Un signal politique fort pour la politique en RDC

« Aucun membre de son parti n’a pris la tête de l’une des trois principales institutions politiques du pays (Primature, Assemblée nationale et Sénat), encore moins d’un des principaux ministères au sein du gouvernement », note-t-il.

« Les deux frères katangais, ennemis pour les uns, adversaires pour les autres, se sont finalement rencontrés et donnés, dans la cathédrale Saints-Pierre-et-Paul de Lubumbashi, une poignée de mains historique, symbole de la réconciliation et de l’unité des fils et filles de l’ancienne province du Katanga », poursuit Matata Ponyo qui reconnait la palme d’honneur à l’archevêque métropolitain de Lubumbashi, Monseigneur Fulgence Muteba, proche de Moise Katumbi, qui s’est totalement investi dans la réalisation de ce projet socio-politique difficile, à une année et demie des élections législatives et présidentielle.

« Ce que je pense est que le rapprochement formel de l’ensemble des acteurs politiques de l’ancienne province du Katanga est un signal politique fort qu’il ne faut nullement négliger », soutient l’ancien premier ministre.

Passé trouble entre Kabila et Katumbi

Rappelant que la décision du découpage territorial, bien que justifiée administrativement, avait été précipitée par le pouvoir politique de l’époque en vue principalement d’affaiblir l’ancien gouverneur de la province du Katanga, Moise Katumbi, qui était devenu encombrant après avoir quitté le PPRD, créé son propre parti, et exprimé ouvertement son ambition de briguer la magistrature suprême à la prochaine élection présidentielle, Matata Ponyo qui indique que le régime politique de l’époque avait concocté plusieurs actions judiciaires en vue de le faire condamner et l’empêcher d’être candidat à cette dite élection, avance que le Président Felix Tshisekedi, lui a restitué son passeport congolais et sa nationalité lui déniée par le régime politique précédent, après un exilé forcé en Europe.

Le sénateur Matata Ponyo estime également qu’il faut saluer la paix « des braves entre les deux principaux acteurs politiques du grand Katanga » : « Mais il faut que cette réconciliation soit différente des autres qui se sont tenues auparavant toujours à Lubumbashi pour rassembler les katangais. Il faut qu’elle augure une nouvelle ère de leadership et de gouvernance capable de relancer le développement de l’ensemble du Katanga », a-t-il signifié, précisant que jusque-là, seules deux provinces sur quatre, le Haut-Katanga et le Lualaba, ont enregistré un certain progrès socio-économique du fait principalement des retombées de l’exploitation minière.

Pour lui, les deux autres provinces, à vocation essentiellement agricoles, sont restées à la traine ; « l’agriculture ayant été quasiment abandonnée au profit des importations à partir de l’Afrique australe, particulièrement de la Zambie et de l’Afrique du Sud. »

« La réconciliation politique ainsi réalisée, pour être pérenne et utile, devra être fondée sur la mise sur pied d’un plan d’intégration et de relance économique de toutes les quatre provinces nouvellement créées », a ajouté Matata Ponyo qui souligne que ce programme économique régional devra être en harmonie avec le programme économique national.

Quelles perspectives pour les élections de 2023 ?

« Ce que je pense est que la réconciliation des acteurs politiques du grand Katanga peut influer sur les perspectives électorales et politiques de 2023. A condition que le bloc katangais redevienne compact comme auparavant », a indiqué le sénateur Matat Ponyo qui a rappelé qu’entre 2010 et 2015, la majorité des acteurs politiques du Katanga étaient dans la majorité parlementaire contrôlée par Joseph Kabila.

« Les intérêts de principaux acteurs politiques de la province étaient mutatis mutandis les mêmes. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Certains opérateurs politiques du Katanga sont dans l’Union sacrée qui est au pouvoir. ‘’Ensemble’’, le parti politique de Moise Katumbi, fait partie du gouvernement national, même si (tout le monde le sait), il existe plusieurs points de divergence entre ce parti et l’union sacrée du Président Tshisekedi », poursuit-il.

A ce sujet, il a noté que certains membres du gouvernement provenant de « Ensemble » ont déjà annoncé qu’ils resteraient du côté du pouvoir au cas où « Ensemble » de Moise Katumbi se décidait de quitter l’Union sacrée.

A l’opposé, affirme Matata Ponyo, « une bonne partie d’acteurs politiques du Katanga, particulièrement du FCC, sont dans l’opposition et ne sont pas en harmonie avec le pouvoir politique » : « Quelques-uns d’entre eux subissent parfois de tracasseries politico-judiciaires. D’autres sont même en exil », fait-il savoir.

« Au-delà de la symbolique de la réunification et de l’unité du Katanga du 22 mai dernier, il existe encore beaucoup à faire pour reconstituer le bloc compact recherché capable d’être politiquement utile en 2023. Il faut que les katangais de l’opposition et du pouvoir transcendent leurs intérêts politiques respectifs et privilégient ceux de la province du Katanga. Ce qui n’est pas facile dans la configuration politique actuelle. Peut-être qu’il faudra pour cela un deuxième forum. Sinon, celui de fin mai dernier n’aura servi à rien. Il ressemblera aux autres qui l’ont précédé : un forum plutôt formel et politique qui n’a rien à voir avec les intérêts de la population », conclut Matata Ponyo.




Djamba NDJOLO

Djamba NDJOLO - 10/06/2022 13:16 - Répondre 

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