Le président guinéen sortant Alpha Condé, ex-opposant historique, a été désigné vainqueur de l'élection présidentielle avec 59,49 % des voix, a annoncé samedi 24 octobre la commission électorale.

Le candidat Cellou Dalein Diallo, principale figure de l'opposition, a annoncé dans la foulée qu'il contesterait devant la justice cette victoire d'Alpha Condé, dans un entretien accordé à l'AFP.

« Nous allons protester contre ce hold-up électoral par la rue », a-t-il déclaré, bloqué dans son domicile de Conakry par la police.

Il avait dénoncé le 20 octobre "une fraude à grande échelle" visant à le priver de la victoire lors de ce scrutin présidentiel. 

Celui qui s'est proclamé vainqueur de la présidentielle avec 53 % des suffrages avant la publication des résultats a obtenu 33,5 % des suffrages, selon la commission électorale.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a, quant à lui, appelé samedi à une "solution pacifique" par le "dialogue" de la crise post-électorale en Guinée, demandant au président réélu Alpha Condé et à son adversaire Cellou Dalein Diallo d'empêcher "la violence".

Âgé de 68 ans, Cellou Dalein Diallo, battu par Alpha Condé en 2010 et en 2015, a proclamé sa victoire en se fondant sur les données remontées par ses partisans, envoyées dans les bureaux de vote pour ne pas s'en remettre à la commission électorale et à la Cour constitutionnelle, acquises, selon lui à la cause au pouvoir en place.

Cette semaine, la Guinée a vécu une escalade de violences post-électorales qui ont fait au moins une dizaine de morts : l'armée a été réquisitionnée et de nouveaux affrontements ont eu lieu entre les forces de sécurité et les partisans de Cellou Dalein Diallo qui a affirmé que "le bilan provisoire de ces exactions inouïes était de 27 morts et de près de 200 blessés par balles", sans qu'il soit possible d'obtenir un bilan des violences de source indépendante.

En même temps, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a mis en garde samedi les acteurs politiques guinéens, leur rappelant "que quiconque commet, ordonne, incite, encourage et contribue" à des crimes tels que définis par les statuts de la CPI, "peut être poursuivi par les tribunaux guinéens ou par la CPI".

L'éventualité d'un troisième mandat consécutif d'Alpha Condé, 82 ans, a provoqué pendant un an en Guinée une contestation dans laquelle des dizaines de civils ont été tués, faisant craindre une éruption autour du vote, dans ce pays habitué à des confrontations politiques sanglantes.