Pour éradiquer l'insécurité persistante dans le territoire de Djugu en Ituri, l'apport de tous s'avère nécessaire : l'implication des communautés et des services de sécurité, l'Etat encore, avec des infrastructures routières pour faciliter les mouvements des troupes... Mais le rôle des sociétés de téléphonie cellulaire s'avère tout aussi indispensable.

Des villages du groupement de Fataki dans le territoire de Djugu où nous venons de séjourner demeurent mal desservis par les réseaux de téléphonie mobile. Ici, les connexions sont mauvaises, faibles voire inexistantes.

Cette faiblesse de la couverture des grands réseaux de téléphonie cellulaire handicape les opérations militaires dans cette partie de l'Ituri assurée en grande partie par les casques bleus de la MONUSCO.

"Pour envoyer une alerte dans cette zone, il faut attendre beaucoup de temps, nous sommes dans une zone où des miliciens mènent des attaques contre les civils, nous recevons des alertes en retard, à cause de la mauvaise connexion, et l'intervention aussi est difficile. Le gouvernement et tous ses partenaires de télécommunications qui oeuvrent dans notre pays doivent jouer non seulement leur rôle qui est lucratif, mais aussi celui de contribuer à la sécurité des civils en améliorant la qualité des réseaux, et/ou en implantant des antennes dans les villages qui sont plus ciblés par les groupes pour faciliter l'intervention militaires et minimiser les risques d'attaque...", confie un acteur local de la protection.

Un autre acteur, visiblement excédé par les perturbations de réseaux, abonde dans le même sens :

"Outre la MONUSCO, les FARDC et la PNC, il y a aussi ces compagnies de téléphonie mobile qui devraient aider à travers de bons réseaux et une bonne couverture de ces "zones rouges" afin de permettre la transmission des alertes sécuritaires. Malheureusement..."

Une source interne à la MONUSCO s'interroge :"est-il normal par exemple, que des vigiles des camps de déplacés ne soient pas en mesure d'appeler la MONUSCO ou les FARDC pour alerter sur une attaque dans le camp, juste , parce qu'il n'y a pas de connexion. Alors que la MONUSCO a disponibilisé dans des communautés et sites de déplacés des "numéros verts", que la population peut utiliser pour appeler gratuitement les services de sécurité et de défense, et signaler une menace ou attaque de groupes armés "?

Plaidoyer

Le territoire de Djugu connait une forte présence de miliciens, issus de nombreux groupes armés, dont la CODECO, FPIC, Zaïre... Pour y faire face, il faut absolument et rapidement relever le défi communicationnel.

  " La stabilité des réseaux de télécommunications peut facilement apporter solution à cette situation car ,il y a des civils dans des camps qui nous alertent mais ces alertes arrivent en retard et l'intervention aussi intervient tardivement. Je crois que si les autorités peuvent entrer en contact avec les responsables des maisons de télécommunication qui sont actives ici chez nous, notamment Airtel, Vodacom et Orange pour nous aider à résoudre ce grand problème qui impacte négativement les offensives contre les miliciens, ce serait salvateur", plaide un autre acteur local.

L'exécutif provincial de l'Ituri reconnait ce défi dans les opérations militaires en cours menées conjointement avec la Mission des Nations-Unies pour la stabilisation au Congo (MONUSCO) dans plusieurs villages du territoire de Djugu. Cependant , le gouverneur militaire indique que des contacts sont déjà amorcés avec les responsables de ces maisons de télécommunication pour voir comment améliorer la desserte des zones rouges en réseaux téléphoniques. Le général Johnny 

Luboya N'kashama, qui salue les efforts conjoints des FARDC et de la MONUSCO pour éradiquer les milices dans la province, promet de raviver ces contacts pour améliorer les efforts de protection des civils.