Joseph Kabila au cœur d’une vaste enquête d’importants détournements de fonds publics en RDC

Une nouvelle enquête collaborative explosive sous le nom de Congo Hold-up, qui documente d’importants détournements de fonds publics en République démocratique du Congo, a été publié ce vendredi 19 novembre 2021.

Parmi les principaux responsables présumés figurent l’ancien président Joseph Kabila et son premier cercle.

Menée par 20 médias internationaux, avec en tête Mediapart, associés au consortium européen EIC et 5 ONG spécialisées, cette enquête est basée sur l’analyse de millions de documents bancaires et transactions qui ont fuité d’une banque africaine : la BGFI.

Forte de 3,5 millions de documents bancaires et davantage encore de transactions, précise-t-on, l’enquête Congo Hold-up se nourrit de ce qui est, à ce jour, la plus importante fuite en provenance du continent africain.

Elle révèle comment la BGFI, une banque commerciale, a été utilisée pour piller des fonds publics et des ressources naturelles de la RDC.

Congo Hold-up révèle, pour la première fois, les noms de ceux qui auraient participé de façon massive à ce détournement des richesses d’un pays classé parmi les plus pauvres au monde.

En effet, plus de 70% de la population en RDC vit avec moins de deux dollars par jour.

Joseph Kabila en chef de bande

Congo Hold-up pointe, parmi les principaux responsables présumés de ces détournements, des membres de la famille de l’ancien président Joseph Kabila (2001-2013) et certains de ses associés les plus proches.

Entre 2013 et 2018, indique cette enquête, ils ont pu mettre la main, avec la complicité de la BGFI, sur au moins 138 millions de dollars des caisses de l’État, soit l’équivalent de 250 000 années de salaire moyen en RDC.

On découvre également que plus de 100 millions de dollars supplémentaires ont été crédités sur les comptes des membres du premier cercle de l’ancien chef d’État sans que l’origine de ces fonds ait pu être déterminée. Trente-trois millions de dollars ont été déposés en liquide, et 72 millions proviennent du compte de la BGFI à la Banque centrale du Congo (BCC).

« Congo Hold-up, c’est la fuite la plus importante de documents sensibles du continent africain », explique Henri Thulliez, directeur de la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) qui a obtenu ces documents avec le site d’information français Mediapart.

Une enquête d’intérêt public qui réunit journalistes et chercheurs

L’enquête Congo Hold-up met une nouvelle fois au jour les faiblesses du système bancaire congolais.

Des faiblesses qui ne se limitent pas à la BGFI. Pendant ces dix années, la Banque centrale du Congo n’a pas joué son rôle de régulateur.

Elle a plutôt favorisé la fraude et les détournements. Il aura fallu aussi des complicités au sein même des institutions congolaises, à chaque étape de décaissements et de passations de marchés publics.

Les organes de contrôle étatiques et des cabinets d’audit ont échoué à révéler l’ampleur de cette fuite de capitaux publics et à les endiguer.

Mais le camp Kabila a vite réagi par le biais de Barbara Nzimbi, chargée de communication de l’ancien président de la RDC.

Dans un communiqué, elle dénonce le fait que « l'image et le nom du Président de la République Honoraire sont utilisés abusivement comme produit d'appel pour tenter de crédibiliser cette démarche médiatique dont l'opportunité est questionnable. »

Elle signifie qu’aucune ligne de ce rapport ne démontre « l'implication factuelle ou même implicite de l'institution Président de la République qu'il a eu l'honneur de diriger pendant 18 ans » : « Ces puissances occultes n'ont jamais digéré les choix courageux de souveraineté opérés sous la Présidence de Joseph Kabila notamment en matière électorale et minière », indique—elle dans ce communiqué en dénonçant ce qu’elle qualifie de « fixation haineuse de certains médias et associations sur la personne du Président honoraire que certains ont conceptualisé en Kabilabashing. »

Il faut dire que la bataille s’annonce virulente d’autant plus que l’actuel président Félix Tshisekedi, qui a fait de la lutte contre la corruption, un des piliers de son quinquennat, encourage la justice à se saisir de tels dossiers, surtout pour ce qui est du détournement des deniers publics.

Pourrait-on voir Joseph Kabila, l’ancien président de la RDC à la barre dans une telle affaire ? l’avenir nous en dira un peu plus…




Job KAKULE

Job KAKULE - 19/11/2021 23:05 - Répondre 

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