Au moins une trentaine d’artistes de la ville de Beni ont participé ce Mardi 04 Mai de l'année en cours à une séance de discussion autour de la désinformation organisé par la section de l'information publique de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO).

Après la séance, Sifa une des participantes à profité de cette occasion pour pauser de question «Pourquoi la MONUSCO se promène-t-elle toujours la nuit ?».

«Quand on m’a informée qu’il y avait cet atelier de formation, je m’étais dit que j’allais poser cette question», fait-elle savoir. 

Sifa est danseuse à Beni. Elle concède que de la MONUSCO, elle n’entend pas toujours que de bonnes choses. 

«Avant de voir ces casques bleus, j’entendais souvent dire que les gens de la MONUSCO faisaient des choses louches. C’est pour cela que j’avais trouvé suspect qu’ils soient là. Mais ici, on nous a expliqué que la MONUSCO fait aussi des patrouilles la nuit pour nous protéger», explique-t-elle. 

Djalazzon est chanteur. Le mois prochain, il doit sortir son premier album «Tchoko Tchoko». Sifa va apparaître dans ses clips. Quand on lui demande s’il y aura une chanson sur la désinformation parmi les douze titres de l’album, il répond dans un murmure : «C’est un peu tard pour le moment. J’ai déjà tout bouclé». 

Mais le chanteur en est convaincu : les artistes ont un rôle à jouer dans la lutte contre la désinformation :

«Nous sommes connus. Les gens nous font confiance. Si je ne comprends pas très les mécanismes de diffusion de la désinformation, je peux facilement tomber dedans et propager des fausses informations. Comme beaucoup de gens nous suivent, je peux les induire en erreur», argumente le chanteur. 

Pour Djalazzon, c’est l’ignorance qui, le plus souvent, conduit certaines personnes à propager de fausses informations :

«Quand on ne sait pas, on trouve que tout est suspect. Pourtant, il y a des choses qui ont une explication facile. Mais comme on n’est pas informé, on se laisse tromper et on devient soi-même vecteur de la désinformation», analyse-t-il.

Le chanteur est membre de soixante-dix groupes Whats’App, dont certains regroupent jusqu’à mille membres. 

Vérifier d’abord, partager ensuite

Une information partagée dans ces espaces peut rapidement devenir virale, peu importe sa véracité. 

«Ici à la formation, on a appris beaucoup de choses. Je sais maintenant que partager tout ce que je reçois par Whats’App peut participer à propager de fausses informations. On nous a appris à nous poser des questions avant de partager», renseigne le chanteur. 

Pendant les trois heures de discussions, Jean-Tobie Okala, responsable de l’information publique de la MONUSCO à Beni l’a martelé : 

«Avant de partager une information, il faut réfléchir. Il faut vérifier. Demandez-vous toujours si ce que vous partagez peut être bénéfique à votre communauté, et surtout, quel impact cela peut-il avoir.»

Sifa et Djalazzon ont de grands rêves. La danseuse et le chanteur veulent ressembler à leurs idoles qui «remplissent des salles».

«Mais je n’attendrai pas d’être Rihanna pour faire certaines choses. Je peux déjà commencer à parler de la désinformation autour de moi et auprès des gens qui me suivent. Ça peut aider», dit-elle modestement. 

De son côté, David Asumani promet d’utiliser son crayon pour alerter sur les dangers de la désinformation :

«Avec nos œuvres, nous pouvons faire quelque chose. Nous pouvons également organiser des séances comme celle-ci dans nos milieux pour parler aux autres des dangers que la propagation de fausses nouvelles peut faire courir à notre communauté», relève le peintre.