Le conflit foncier au poste frontalier de Kasindi-Lubiriha en territoire de Beni au Nord-Kivu continue d'alimenter les débats dans le chef de la population de ce coin riverain du Parc national des Virunga.

Congo ya sika, ce bloc se trouvant dans la partie en conflit entre l'institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) est une fois de plus au cœur des divergences d'opinions dans la communauté.

Malgré les démarches nécessaires et autres mécanismes abordés ; le conflit foncier prend toujours une nouvelle carapace, plus lucrative cette fois.

Fin janvier de l'année en cours, des alertes sont parvenues à Grands lacs News en provenance de la population locale et des acteurs communautaires qui abordent la question différemment.

La main dans la sauce

Différents chefs des différentes cellules sont toujours utilisés soit pour morceler, soit vendre les parcelles des habitants de la place.

Jusque-là, au-moins 30 personnes sont victimes de cette opération clandestine initiée par des personnes qui agiraient au nom de l'administration territoriale.

L'une des victimes de cette opération avait indiqué que sa parcelle n'est plus dans ses limites initiales après cette opération initiée par un chef de cellule et un commandant d'un poste de police sur place sous les ordres de leur hiérarchie.

« Après un calme précaire pour le morcellement du bloc Congo ya sika, le rythme vient de redémarrer avec le chef de cellule la frontière PALUKU KIPIPI, accompagné des personnes non identifiées qui profitent souvent de l'absence des propriétaires de différentes parcelles pour placer des piquets. Je constate dans ma parcelle cet après-midi alors que j'étais à l'école, des piquets et une destruction méchante des arbres qui servent de clôture sur ma parcelle. Voilà le pain sur la table des autorités compétentes en la matière car ce n'est pas le premier cas après la suspension de ces travaux », avait alerté un habitant.

Grâce à l'intervention de la société civile, cette situation inquiétante a été étouffée dans l'œuf.

Nos sources proches des sources sécuritaires et de renseignement indiquent que les présumés auteurs de cet acte ont été interpellés. Ils ont même passé 3 jours dans une situation de détention provisoire, ajoute-t-on.

Le lundi 3 mars dernier, le coordonnateur de la société civile locale a, devant la presse, condamné le nouveau morcellement des parcelles dans cette partie du poste frontalier de Kasindi-Lubiriha, indiquant que l'administrateur militaire du territoire de Beni a instruit la société civile de communiquer à son compte pour appeler la population à apporter des plaintes avec preuves pour arrêter les coupables présentés comme des escrocs.

« Il y a des gens qui circulent dans plusieurs avenues des quartiers Congo ya sika et Mapathi [nouveau quartier]. Ils procèdent au ré-mesurage des quelques parcelles et après l'opération, ils revendent cela à la population. Nous avons beaucoup d'alertes quant à ce et nous appelons tous ceux-là qui se sentent victimes de nous approcher avec des preuves pour saisir les autorités compétentes comme nous l'a demandé l'administrateur du territoire de Beni », a fait savoir Jade Butsapu.

Contacté la soirée de ce même lundi par Grands lacs News, l'administrateur militaire du territoire de Beni, le colonel Euta Omeonga Charles, a nié et a indiqué qu'il a des services habilités sur terrain pour se saisir et parler en son nom.

Vers l'explosion du conflit dans une aire protégée

En Avril 2024, l'exécutif provincial avait mis en place une commission Ad-hoc pour établir le polygonal dudit bloc, procéder aux travaux d’aménagement et recenser les occupants de cette partie suspendue 4 mois après sur instruction de la ministre chargée des affaires foncières.

Les terriens réclament toujours leurs espaces ancestraux, et l'ICCN par contre s'oppose depuis longtemps aux activités humaines dans les aires protégées et fixe que toutes les démarches amorcées violent la loi sur la conservation de la nature tout en précisant que le déclassement d’une aire protégée relève de l’autorité du président de la RDC.

Plusieurs organisations des droits humains et d'autres acteurs sociaux estiment que la résolution pacifique du conflit actuel dans cette cité frontalière passe par les députés nationaux qui doivent abroger la loi du 11 Février 2014 qui concourt à la conservation des écosystèmes et l'habitat des animaux en République démocratique du Congo.