La présentation pompeuse par le M23 de ses 7.437 nouveaux commandos, « un corps d’élite constitué d’anciens militaires des FARDC qui s’étaient rendus lors de la chute de la ville de Goma ainsi que des combattants Mai-Mai, des résistants Wazalendo ainsi que de nouvelles recrues » ; ne laisse par l’armée congolaise indifférente.

Cette dernière, après avoir brandit elle aussi "ses biceps" avec une visite de son chef d'Etat-Major Général, le Général Jules Banza, au centre d'instructions de Mura à Likasi dans le Haut-Katanga où il s’est lui aussi adressé aux nouvelles recrues des FARDC en fin de formation, les appelant à la discipline et au patriotisme ; s’adresse désormais à ses anciens militaires qui ont intégré le M23 « à se retourner contre le mouvement rebelle. »

Dans une vidéo, son porte-parole, le Général Sylvain Ekenge, a clairement appelé ces derniers « à e pas mettre en cause leur serment envers la République » : « Il serait pour vous un grand déshonneur et un grand sacrilège de mettre en cause votre serment envers la République celui de ne jamais trahir le Congo, et de tourner les canons vers la mère Patrie, votre population et vers votre propre armée. Dans ce cas, la République et les Générations futures ne vous pardonneront jamais. Faites tout ce qui est possible pour retrouver le camp de la patrie, comme l'ont déjà fait beaucoup d'autres parmi vous. A la moindre occasion, faites tout pour tourner les canons vers l'ennemi. Quitter ses rangs et rejoindre les FARDC », a-t-il déclaré leur signifiant que les souffrances qu’ils ont déjà endurées doivent renforcer leur conviction et leur détermination à combattre les rebelles du M23, à défendre l'intégrité territoriale de notre pays et à protéger notre la population.

Il leur a rassuré par ailleurs que leur place au sein des FARDC « restent intactes » : « Vos rémunérations et vos primes des opérations sont toujours disponibles », a conclu le Général Sylvain Ekenge, porte-parole des FARDC.

Une option très improbable

Il faut dire que nombreux avaient demandé à l’armée congolaise à faire cet appel solennel pour inviter ses anciens militaires « à s'abstenir de servir le M23 appuyé par le Rwanda », proposant même de mettre en place une stratégie ou un programme capable de prendre en charge ceux qui vont déserter les rangs du M23. 

Mais cette démarche semble utopique considérant les témoignages des ces anciens militaires des FARDC qui ont jeté un discrédit sur l’armée loyaliste affirmant s’engager pleinement dans le mouvement rebelle auprès duquel ils ont suivi une formation idéologique pendant 8 mois.

Une réalité soutenue par certains historiens qui rappellent que les capturés de guerre finissent souvent par servir la cause de leurs anciens ennemis, désormais devenus leurs nouveaux maîtres. 

C’est à l’image de Benjamin Babunga qui rappelle que dans un passé plus récent, en RDC toujours ; des milliers d'éléments de la 10ème Brigade des Forces Armées Congolaises (FAC), envoyés entre juin et juillet 1998 dans l'Est du pays par le Président Laurent-Désiré Kabila dans le cadre de son projet de rupture avec ses alliés rwandais, avaient fini, sans la moindre hésitation, par rallier la nouvelle rébellion du RCD en août de la même année, avant d’ouvrir, la en grande partie d’entre eux, les fronts de Kalemie jusqu'à Pweto.