C'est à l’aérodrome de N’dolo, au bord du fleuve Congo, que le Pape François, lors de sa deuxième journée en territoire kinois, a livré devant plus d’un million de fidèles une homélie centrée sur la paix, possible grâce à la force du pardon, à celle de la communauté, et à celle de la mission.


Entouré de danses, d’environ 700 choristes, au son du Gloria en lingala, une langue bantoue de la région, François a traversé la foule en papamobile, avant de célébrer la messe pour la paix et la justice selon le missel romain pour les diocèses du Zaïre. «Esengo», a d’abord lancé le Souverain pontife aux fidèles de RDC et des pays environnants, «joie» en lingala. 
«J’ai beaucoup désiré ce moment, merci d’être là», a-t-il dit en souriant, sept mois après le report de ce 40e voyage apostolique, initialement prévu à l'été 2022, mais retardé pour raisons de santé.
Reprenant les paroles du Ressuscité aux siens, «La paix soit avec vous», François a livré une homélie sur la paix qui arrive dans les cœurs «en ruines» des disciples. «Alors qu’ils ressentent en eux la mort, il annonce la vie», «la paix de Jésus survient au moment où tout semble fini pour eux, au moment le plus inattendu et inespéré, où il n’y aucune lueur de paix». Des mots qui font écho aux souffrances des Congolais. Plus tard dans la journée, François ira rencontrer des victimes venues d’Ituri, du Nord et du Sud-Kivu, régions sous la coupe de groupes rebelles armées, empêtrées dans la guerre du Kivu depuis 2004.

Ainsi, lorsque «la culpabilité et la tristesse nous oppressent», François invite à regarder vers les plaies de Jésus, «il connaît tes blessures, il connaît les blessures de ton pays, de ton peuple, de ta terre». Depuis mars 2022 et la résurgence des violences notamment liées à la résurgence du groupe M23, aux alentours du lac Kivu, aux frontières de l’Ouganda, du Rwanda et du Burundi, plus de 520 000 personnes ont été déplacées, selon des chiffres des Nations unies de décembre dernier.

Depuis l'indépendance de la Belgique acquise le 30 juin 1960, l’histoire de la RDC est construite de guerres. La paix est un choix, a rappelé François aux fidèles du plus grand pays catholique francophone du monde, «c'est faire de la place dans nos cœurs pour tous, c'est croire que les différences ethniques, régionales, sociales et religieuses viennent après et ne sont pas des obstacles; croire que les autres sont des frères et des sœurs, membres de la même communauté humaine; croire que tous sont destinataires de la paix apportée dans le monde par Jésus».

Alors que le pays, riche en minerais, est pillé depuis des décennies, les chrétiens sont appelés «à briser le cercle de la violence, à démanteler les complots de la haine», à «être la conscience de paix du monde». Des consciences critiques, a-t-il précisé, mais surtout des témoins d’amour, «non pas ceux qui cherchent leurs intérêts, mais des missionnaires de l'amour fou que Dieu a pour chaque être humain.»

«Choisissons d'être des témoins du pardon, des acteurs dans la communauté, des personnes en mission de paix dans le monde», a conclu le successeur de Pierre, avant de terminer sur un proverbe en lingala, «Moto azalí na matói ma koyóka, ayoka, moto azalí na motéma mwa kondima, andima», «Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende, celui qui a le cœur pour consentir, qu’il consente».