La réouverture de l’aéroport de Goma aux vols humanitaires légers est sans doute l’annonce la plus importante à l’issue de la conférence sur la paix dans les Grands Lacs organisée ce jeudi 30 octobre 2025 à Paris sous l’égide de la France et du Togo.

Si le président français a expliqué que cette réouverture facilitera dans un premier temps un meilleur accès à cette zone aux acteurs humanitaires ainsi qu’à l’assistance humanitaire qui a par ailleurs obtenu un montant de 1,5 milliard de dollars de promesses de financement ; l'AFCM23 qui le contrôle se dit non concerné. 

Sur X, son coordonnateur Corneille Nangaa a expliqué que cette décision est inopportune, déconnectée de la réalité sur le terrain et prise sans aucune consultation préalable avec son mouvement.

« Comment évoquer la réouverture de l’aéroport de Goma pour des motifs humanitaires alors que les territoires de Walikale et de Masisi au Nord-Kivu, ainsi que ceux de Fizi (Minembwe), Walungu et Mwenga au Sud-Kivu, subissent quotidiennement des bombardements du régime de Kinshasa ciblant des sites civils : usines, ponts, aérodromes et avions humanitaires ? 2. Comment parler de reprise du trafic aérien à Goma alors que les populations sont privées de leurs épargnes et que les banques sont fermées sur décision du régime de Kinshasa ? », s’est-il interrogé.

Corneille Nangaa a par ailleurs dénoncé « les pratiques des lobbys humanitaires qui se nourrissent sur le dos de populations prétendument déplacées. »

« En conclusion, l’AFC/M23 réaffirme son engagement en faveur d’une paix véritable à travers le dialogue et du respect des engagements internationaux, notamment ceux issus des discussions de Doha. Nous invitons la communauté internationale à soutenir les efforts de paix, plutôt qu’un régime qui ne respecte aucun de ses engagements et persiste dans sa logique de guerre, y compris contre sa propre population », a-t-il conclu.

Il faut dire que juste après cette conférence, le ministre rwandais des affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, qui y a conduit la délégation rwandaise ; a exprimé son pessimisme rappelant que cet aéroport est contrôlé par le M23, et soutenant que la décision de sa réouverture devrait être prise dans le cadre du processus de Doha qui réunit autour d’une table le gouvernement congolais et le mouvement rebelle.

Reste à savoir si la réouverture de l’aéroport de Goma, annoncée depuis le mois de juillet dernier, interviendra dans un contexte de pression militaire intense sur toutes les lignes de front.