En République démocratique du Congo, tous les 500 députés nationaux bénéficient des vacances parlementaires.

Cette période n’est pas un simple congé : elle est prévue par le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale pour permettre aux élus de se rapprocher de leurs électeurs, écouter leurs préoccupations et rendre compte de leur mandat.

L’Article 136 dispose que chaque député doit séjourner dans sa circonscription électorale pendant les vacances parlementaires, tandis que l’Article 155 précise qu’un rapport détaillé sur la vie politique, administrative, économique, sociale et culturelle de la circonscription doit être remis au Bureau de l’Assemblée nationale à l’issue de cette période.

Ce que doivent faire concrètement les députés pendant les vacances parlementaires :

  • Séjourner effectivement dans la circonscription pour être au contact direct des citoyens,
  • Organiser des réunions, consultations ou audiences publiques afin d’écouter les préoccupations et attentes de la population,
  • Observer et suivre les réalités locales, en comprenant les difficultés économiques, sociales et sécuritaires rencontrées par les habitants,
  • Présenter un bilan détaillé de leur mandat, incluant les lois votées, les projets suivis et les actions entreprises pour la circonscription,
  • Rédiger et remettre un rapport au Bureau de l’Assemblée nationale conformément au canevas officiel.

Ces obligations traduisent le devoir légal et moral des députés : être des représentants visibles et responsables, au service de la population qui les a élus.

Situation particulière du Nord-Kivu

Avec ses 48 députés nationaux, le Nord-Kivu illustre parfaitement l’importance de ces obligations.

Confrontée à une situation sécuritaire complexe et à des enjeux socio-économiques majeurs, la population a un besoin urgent d’être écoutée et représentée efficacement à l’hémicycle.

Or, ces trois derniers mois, la majorité des députés ont choisi de rester à Kinshasa, et ceux qui se sont déplacés n’ont pas pu organiser de rencontres substantielles avec leurs électeurs.

Certains ont même délégué leurs assistants parlementaires, qui, malgré leur rôle important, ne peuvent remplacer la présence directe et l’engagement personnel des élus.

Conséquences pour les citoyens et la démocratie

L’absence prolongée a des effets tangibles :

  • Les électeurs de Beni et du Nord-Kivu se sentent ignorés et frustrés, incapables de poser leurs questions ou d’évaluer les actions de leurs représentants,
  • Le lien de confiance entre citoyens et élus se fragilise, compromettant la représentation démocratique,
  • L’absence de bilan concret et de dialogue direct affaiblit la transparence et la responsabilité, fondements essentiels de toute démocratie.

Appel à la responsabilité des députés

Il est urgent que les députés nationaux du Nord-Kivu prennent pleinement conscience de leurs responsabilités.

Les vacances parlementaires doivent être une période d’engagement réel, de dialogue et de bilan, et non un prétexte pour rester éloignés des citoyens ou déléguer cette responsabilité à des assistants.

Les habitants de Beni et du Nord-Kivu méritent des députés accessibles, transparents et responsables.

Respecter ces vacances parlementaires, c’est respecter la démocratie et les électeurs, et honorer la mission pour laquelle on a été élu.

La population attend plus que des absences ou des intermédiaires : elle attend des députés présents, à l’écoute et capables de rendre compte de leurs actions. Il est temps de traduire en actes les obligations légales et morales qui accompagnent le mandat parlementaire.