Par Jean-Claude Mutombo

Annoncé avec un battage médiatique considérable par les cercles proches du pouvoir à Kinshasa, le récent séjour new-yorkais du Président Félix Tshisekedi, présenté comme un moment diplomatique déterminant, s'est avéré être un échec retentissant à bien des égards.

Les prétendues rencontres de haut niveau – un déjeuner avec Donald Trump, une entrevue avec Paul Kagame et Trump à la Maison Blanche, ou encore un forum avec des investisseurs américains – n'ont produit aucun résultat tangible.

Au final, seule une rencontre avec M. Boulos a pu avoir lieu, de ce tous ceux les USA comptent d’officiels.

Ce voyage, à l'instar de plusieurs précédents, a une fois de plus mis en lumière les lacunes diplomatiques du Président Tshisekedi et les limites de sa stratégie de communication.

Accompagné d'une délégation pléthorique de plus de 120 ngembo (courtisans ou opportunistes), l'absence des tête-à-tête tant vantés avec Trump ou Kagame a été flagrante.

La rencontre avec Boulos, bien que réelle, n'a pu servir que de maigre consolation, une tentative désespérée de sauver les apparences pour le pouvoir congolais.

Le discours du Président Tshisekedi à la tribune des Nations Unies n'a pas non plus rencontré l'écho espéré au sein de l'Assemblée générale.

Les thématiques abordées, notamment celle d'un "génocide" tantôt économique, tantôt humain, ont laissé l'auditoire perplexe, révélant une certaine confusion au sommet de l'État congolais quant à la définition et la portée de ce concept.

Parallèlement, deux forums ont été organisés sur place : l'un sur le "génocide économique", l'autre destiné aux investisseurs américains.

Il est regrettable de constater que, lors de ces deux événements cruciaux, Félix Tshisekedi et sa délégation ministérielle se sont retrouvés face à une salle majoritairement composée de Congolais, des "ngembo" ramenés de Kinshasa, plutôt que de véritables acteurs économiques ou diplomatiques internationaux. Plus troublant encore, la rhétorique dithyrambique a atteint des sommets. 

Le responsable de la Direction Générale des Impôts n'a pas hésité à affirmer qu'aucun dirigeant, depuis l'indépendance, n'avait augmenté les recettes de l'État autant que Félix Tshisekedi.

Ces propos, bien que manifestement dénués de fondement, illustrent la culture de flatterie qui gangrène la République Démocratique du Congo.

Le point culminant de cette dérive a été l'intervention du Ministre de la Communication et de la Propagande, Patrick Muyaya.

Sans la moindre retenue, il a déclaré dans un média américain que « la démocratie et les droits humains ne doivent pas être considérés comme des vecteurs essentiels, voire déterminants, dans les rapports avec les États africains », suggérant que les États-Unis devraient revoir leur approche en prenant la Chine comme exemple.

Une telle déclaration, outre son caractère controversé, soulève de sérieuses questions sur l'orientation diplomatique et les valeurs défendues par le régime.

En somme, le séjour américain de Félix Tshisekedi n'a pas répondu aux attentes, loin s'en faut.

Les propos nuancés de M. Boulos concernant les accords de Washington et Doha – impliquant d'une part les gouvernements rwandais et congolais, et d'autre part l'AFC/M23 et le gouvernement congolais – sont particulièrement révélateurs.

En évoquant désormais les « causes profondes » de la crise, l'administration américaine semble indiquer une évolution de sa perception du dossier congolais et de sa complexité.

À moins d'une cécité volontaire ou d'une déconnexion totale avec la réalité, il est impératif de comprendre que le pouvoir congolais se retrouve de plus en plus isolé sur la scène internationale.

On peut tromper une partie du peuple tout le temps, et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut tromper tout le peuple tout le temps sans en subir les conséquences. La vérité finit toujours par éclater, et les illusions diplomatiques ont un coût.

Par Jean-Claude Mutombo