Sur la route nationale numéro 4 (RN4), axe stratégique reliant la ville de Beni à la frontière ougandaise, la circulation est de plus en plus perturbée par un phénomène aussi inhabituel que dangereux : le passage incontrôlé de bétails.

À Kasindi, dans le territoire de Beni, moutons, chèvres et vaches partagent quotidiennement la chaussée avec les véhicules, au grand désarroi des usagers.

Ces derniers jours, la situation a viré au drame. Entre le 22 et le 23 décembre, au moins deux personnes ont été grièvement blessées après avoir été percutées par des animaux en divagation, selon des sources locales.

Ces incidents, survenus à des heures de forte affluence, ont également provoqué d’importants embouteillages sur cet axe pourtant vital pour les échanges commerciaux entre la République démocratique du Congo et l’Ouganda.

Une route sous pression

La RN4 est l’une des principales voies de ravitaillement de l’est de la RDC.

Chaque jour, camions de marchandises, taxis-motos et véhicules particuliers s’y croisent dans un trafic dense.

L’irruption soudaine de troupeaux sur la chaussée accroît considérablement les risques d’accidents, surtout la nuit ou en période de pluie, lorsque la visibilité est réduite.

« Il n’est pas rare de voir des bêtes traverser la route sans aucun contrôle, parfois en plein trafic », témoigne un conducteur de taxi-bus rencontré à Kasindi.

« Nous sommes obligés de freiner brusquement, et c’est souvent à ce moment-là que les accidents se produisent. »

Appels à l’action

Face à cette situation préoccupante, la Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC) du groupement Basongora dans le secteur de Rwenzori appelle les autorités à agir sans tarder.

Elle exhorte l’administration locale ainsi que le service de la Santé et Quarantaine Animale et Végétale (SQAV) à mettre en place une politique claire et efficace de gestion et de circulation des bétails sur ce tronçon routier.

Pour Blaise Metusela Bunduki, coordonnateur adjoint de cette structure citoyenne, la présence incontrôlée des animaux sur la RN4 est inacceptable : « Le passage à l’air libre des bétails sur une route internationale expose gravement les usagers à des accidents et favorise la propagation de maladies zoonotiques », alerte-t-il.

La société civile locale évoque également l’exemple de l’Ouganda, où les animaux destinés au commerce sont transportés dans des véhicules adaptés avant d’être déchargés à la frontière.

Selon Blaise Metusela, s’inspirer de ce modèle permettrait de réduire les accidents et de mieux contrôler l’état sanitaire du bétail.

Elle recommande par ailleurs la délocalisation du kraal installé en pleine agglomération de Kasindi vers le village de Kambo, à quelques kilomètres de la cité frontalière de Kasindi-Lubiriha, afin de limiter les risques sanitaires et les incidents routiers liés aux déplacements quotidiens des troupeaux.

Contacté à ce sujet, le chef de service de SQAV, le docteur Simba Rhode, n’a pas souhaité commenter la situation.