Plusieurs localités de la chefferie des Bashu dans le territoire de Beni au Nord-Kivu ont été le théâtre de graves incidents sécuritaires ces derniers jours.

Des sources locales et des organisations de la société civile accusent des résistants Wazalendo d’être impliqués dans des tracasseries, des crépitements de balles et des meurtres, plongeant les populations dans un climat de peur et de tension.

Un opérateur économique tué à Isale-Kasongwere

La situation s’est particulièrement dégradée dans le groupement Isale-Kasongwere où un opérateur économique a été tué dans la soirée du jeudi 18 décembre 2025.

Selon des témoignages recueillis sur place, l’auteur présumé de ce meurtre serait un élément du groupe Wazalendo, faction Léopard.

Ce drame a provoqué une vive tension dans la localité de Museya où des habitants ont manifesté leur colère le lendemain, dénonçant l’insécurité persistante et l’absence de réponses concrètes des autorités face à la multiplication des violences armées.

La société civile dénonce l’inaction des autorités

La Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC), coordination du territoire de Beni, se dit profondément préoccupée par la recrudescence des crimes dans la chefferie des Bashu. Son coordonnateur, Moïse Kiputulu Moïse, estime que la situation est devenue intenable pour les populations locales.

« Il est inadmissible que des habitants continuent à être tués alors que les appareils judiciaires restent bouche cousue », déplore-t-il.

Il affirme que la mort de quatre personnes en l’espace de quelques jours constitue une perte énorme pour la communauté et met en évidence, selon lui, l’inefficacité des dispositifs sécuritaires. La NSCC appelle les autorités administratives locales à engager un dialogue urgent avec les responsables des groupes Wazalendo présents dans la chefferie, afin de mettre fin aux violences, notamment celles liées à la circulation d’armes non contrôlées.

Panique lors d’obsèques à Vulyasene

Un autre incident marquant s’est produit le vendredi 19 décembre 2025 dans le village de Vulyasene, situé dans le groupement Malio. En pleine cérémonie d’inhumation d’un enfant mineur décédé après avoir été piqué par des abeilles, des coups de feu ont retenti, semant la panique parmi les participants.

Selon la société civile de la chefferie des Bashu, ces tirs auraient été effectués par des éléments Wazalendo basés à Vurondo. Ces derniers auraient été alertés de la présence supposée d’un autre groupe Maï-Maï dans la zone et seraient intervenus de manière armée, sans tenir compte de la présence des civils.

Le président de la société civile locale, Maître Maombi Kahongya, condamne cette attitude qu’il juge irresponsable et dangereuse pour la population civile. Il appelle les autorités militaires et administratives à porter une attention particulière au groupement Malio, où plusieurs groupes armés seraient installés.

Affrontements entre civils et Wazalendo à Museya

Toujours dans le groupement Isale-Kasongwere, des affrontements ont éclaté le vendredi 19 décembre entre des habitants de Museya et le groupe armé Léopard de Vughole. Selon un bilan provisoire, deux éléments Wazalendo ont été tués et un autre blessé par des civils en colère. Une arme à feu aurait également été récupérée par la population.

Ces heurts illustrent, selon les observateurs locaux, le niveau de tension extrême entre les populations et certains groupes armés censés appuyer les forces régulières dans la lutte contre l’insécurité.

Un climat de peur généralisé

Dans plusieurs agglomérations de la chefferie des Bashu, des habitants dénoncent des tracasseries, des menaces et des comportements assimilables à des exactions de la part de certains éléments Wazalendo. La peur de nouveaux dérapages armés pousse certaines familles à limiter leurs déplacements, tandis que des activités socio-économiques sont perturbées.