Dans un message adressé à l’occasion du 29ème anniversaire de l’assassinat de Mgr. Christophe Munzihirwa, Archevêque de Bukavu, le président Félix Tshisekedi a adressé une pensée de compassion aux populations du Nord-Kivu et Sud-Kivu.

« Octobre n’est pas, pour vous, un mois ordinaire. Ce mois porte les cicatrices de l’histoire. Il porte les noms de celles et ceux qui se sont dressés, mains nues, contre l’humiliation, l’occupation et l’injustice. Il porte le visage de ceux qui ont donné leur vie pour que le monde entende, la vérité sur les objectifs cachés et les conséquences de la guerre imposée à notre pays à partir de l’Est », a-t-il avancé citant également Monseigneur Emmanuel Kataliko, mort le 4 octobre 2000 et Monseigneur Kambale Mbogha, mort le 9 octobre 2005, comme des martyrs ayant refusé de se taire.

« Le mois d’octobre, pour le Nord-Kivu et pour le Sud-Kivu, n’est donc pas une simple page du calendrier. C’est un rappel de trente années d’agressions, de déplacements forcés, de familles arrachées à leurs terres, de villages incendiés, de mères endeuillées, d’enfants orphelins. C’est un rappel que notre territoire a été, trop souvent, soumis à la prédation par des forces extérieures et leurs complices locaux. C’est aussi un rappel que, malgré cela, vous n’avez pas renoncé à la dignité », a-t-il ajouté.

Pour le président Tshisekedi, évoquer la mémoire de Monseigneur Munzihirwa, dont le processus de béatification se poursuit aujourd’hui à Rome, c’est rappeler non seulement une vie donnée ; mais surtout une exigence morale adressée à tout un chacun : dire la vérité, protéger les plus faibles, refuser toute forme de compromission et d’occupation, résister à l’injustice, défendre l’unité nationale.

« Sa voix, qu’on a voulu faire taire par les balles, continue d’instruire notre conscience et de guider notre action », a-t-il souligné disant rendre hommage aux hommes et aux femmes tombés pour avoir défendu l’honneur de la RDC, aux familles qui, malgré la peur, refusent d’abandonner leurs terres ; aux prêtres, aux religieux aux religieuses, aux chefs coutumiers, aux leaders communautaires, aux journalistes courageux, à toutes celles et tous ceux qui, parfois au prix de leur vie, maintiennent la parole du peuple et défendent la vérité ; et aux FARDC, à tous les services de sécurité ainsi qu’aux résistants Wazalendo qui défendent le territoire, souvent dans l’ombre, parfois sans reconnaissance, mais toujours avec un amour inconditionnel de la patrie.

« A vous qui m’écoutez à Bukavu, à Goma, à Minova, à Beni, à Uvira, à Kalehe, à Idjwi, à Rutshuru, à Masisi, à Fizi et ailleurs, je dis : L’État ne vous a pas oubliés », a poursuivi Félix Tshisekedi.

« Ce que vous vivez n’est pas ‘’votre problème là-bas à l’Est’’. C’est notre problème à tous à Kinshasa comme à Bukavu, à Mbandaka comme à Goma, à Lubumbashi comme à Uvira. Tant qu’une seule partie de notre territoire souffre, c’est la République tout entière qui souffre », a-t-il fait savoir avançant que la paix n’est plus une promesse lointaine.

Félix Tshisekedi a par ailleurs assuré que sur les plans diplomatique, sécuritaire et humanitaire, il poursuit les démarches nécessaires « pour obtenir un cessez-le-feu véritable, le retrait des forces étrangères, la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, le retour des déplacés dans la dignité et la reconstruction des zones martyrisées. »

« Ce travail ne se voit pas toujours immédiatement, mais il est en cours et il se poursuivra avec détermination, sans faiblesse. La République est avec vous. L’État est avec vous. Je suis avec vous », a-t-il conclu.