
Alors qu’il se précise peu à peu malgré des incertitudes persistantes ; le dialogue direct entre le gouvernement congolais et le M23 suscite toujours plus de réactions.
Contrairement à la CENCO et l’ECC, qui ont accueilli favorablement l’initiative du président angolais João Lourenço ou encore à plusieurs autres personnalités de l’opposition dont Martin Fayulu, Moise Katumbi, Delly Sesanga et Matata Ponyo qui ont eux aussi encouragé ce dialogue ; le Dr. Denis Mukwege lui s’y oppose.
Dans une vidéo publiée sur X, l’ancien candidat à la Présidentielle de 2023 a avancé que le conflit armé en RDC est caractérisé par une forte dimension internationale avec l’intervention directe du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi et l’implication des pays de la SADC et de l’EAC, d’où il a estimé que les efforts à déployer pour parvenir à une solution durable à la grave crise multidimensionnelle que traverse la RDC « devront également avoir une forte dimension internationale » : « Toute tentative de réduire le conflit en cours dans l’Est de la RDC à un conflit interne en optant pour des négociations directes du gouvernement congolais avec le M23 constituerait une erreur de diagnostic majeure », a-t-il déclaré ajoutant qu’une telle approche, menée en l'absence d'une Conférence internationale pour la paix en RDC, visant à galvaniser une volonté politique forte aux niveaux national, régional et international, « pourrait s’apparenter soit à une méconnaissance des réalités des dynamiques existantes sur le terrain, soit à une trahison de la patrie. »
Déclaration suite à l’annonce de « négociations de paix directes » entre la RDC et le M23.
— Denis Mukwege (@DenisMukwege) March 17, 2025
Le conflit armé en RDC est caractérisé par sa forte dimension internationale avec l’intervention directe du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi et l’implication des pays de la SADC et de… pic.twitter.com/JV5a1ANAJg
Le Prix Nobel de la paix a ainsi appelé à la tenue d’une Conférence internationale pour la paix en RDC, qui aurait pour objectif « de revitaliser l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba et de créer une plateforme de haut niveau visant à faciliter un dialogue constructif et à la hauteur des défis actuels » : « Cette Conférence permettrait d’aboutir à une feuille de route concertée, définissant des actions concrètes aux niveaux national, régional et international. Elle offrirait également l’occasion de mobiliser les moyens nécessaires pour sortir de la crise actuelle et jeter les bases d’un projet de paix durable en RDC, dans le cadre du Pacte social pour la paix promue sous l’égide de la CENCO et de l’ECC », a-t-il signifié ajoutant que les différents mécanismes de suivi de l’Accord-Cadre d’Addis Abeba, mis en place pour garantir une mise en œuvre effective et de bonne foi des engagements de toutes les parties devront également être revitalisés.
Une pression internationale entretemps
Entretemps, il a soutenu que les pressions internationales devront s’accentuer pour veiller à faire respecter les prescrits de la résolution 2773 du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui exhorte les parties à un « cessez le feu immédiat et inconditionnel » et « demande à la Force de défense rwandaise de cesser de soutenir le M23 et de se retirer immédiatement du territoire de la République démocratique du Congo, sans conditions préalables ».
« Dialoguer sous la menace des armes reviendrait à institutionnaliser la loi du plus fort et à conférer une légitimité à l’agression et à l’occupation illégale », a poursuivi Denis Mukwege expliquant que des négociations directes pourraient être envisagées, incluant tous les groupes armés, y compris le M23, la société civile, les partis politiques, et le gouvernement congolais ; une fois ce cadre international solidifié et les différentes échelles de responsabilités clarifiées à travers un Sommet International de haut niveau.
« Cette démarche s’inscrirait dans l’esprit des initiatives diplomatiques menées sous l’égide du Président angolais João Lourenço, dont nous saluons les efforts. Toutefois, pour garantir une paix durable, ces négociations devront s’insérer dans le cadre des principes fondamentaux de la charte de l’Union Africaine, garantissant la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC », a indiqué Denis Mukwege qui estime que procéder autrement reviendrait à mettre la charrue avant les bœufs, et ainsi « accélérer et de légitimer la balkanisation de la RDC ou le processus en cours d’annexion des Kivus. »
Il a enfin invité les acteurs impliqués dans la crise et dans les tentatives d’y mettre fin « d’éviter la répétition des erreurs du passé pour ne plus léguer aux générations futures des compromissions qui hypothéqueront une fois de plus à la Nation congolaise son droit à disposer d’elle-même et à vivre en paix. »
Jean-Marc Kabund, un autre opposant qui rejette le dialogue direct avec le M23
Notez que Jean-Marc Kabund, ancien proche collaborateur de Félix Tshisekedi qui a depuis rejoint l’opposition, a lui aussi « rejeté catégoriquement toute négociation directe entre le gouvernement congolais et le M23 dans sa forme actuelle » : « Aucune négociation directe avec le M23 ne peut avoir lieu tant que le Rwanda n'a pas retiré ses forces militaires du territoire congolais », a-t-il déclaré dans un communiqué estimant que le dialogue prioritaire doit se tenir entre le gouvernement congolais et le Rwanda, dans le cadre du processus de Luanda.
#RDC #M23: Le parti de @kabund_jmkkrock l'Alliance pour le Changement 👇
— Stanis Bujakera Tshiamala (@StanysBujakera) March 16, 2025
📌 rejette catégoriquement toute négociation directe entre le Président de la République et le M23 dans sa forme actuelle.
📌 Aucune négociation directe avec le M23 ne peut avoir lieu tant que le Rwanda… pic.twitter.com/6Ufq5cQJHg
1 Commentaire
Joseph Seven - 17/03/2025 12:06 - Répondre
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