À l’occasion de la sortie du livre Le passé, le présent, l’avenir à Goma, le professeur émérite Jean-Baptiste Kakoma Sakatola Zambeze a livré une analyse critique de la trajectoire politique et institutionnelle de la République démocratique du Congo (RDC), appelant à une profonde refondation de l’État.

Selon lui, le présent du pays reste largement conditionné par un « passé sulfureux » marqué par des échecs collectifs. Il estime que la nation congolaise n’a pas su remplir le devoir historique évoqué dans son hymne national « bâtir un pays plus beau qu’avant, dans la paix ». « Nous ne l’avons pas fait », affirme-t-il, évoquant la persistance de ce qu’il qualifie d’anti-valeurs; ploutocratie, tribalisme, ethnisme, népotisme et corruption. Des pratiques qui, selon lui, compromettent durablement tout développement harmonieux au bénéfice de l’ensemble des communautés.

Pour le professeur Kakoma, ces dérives expliquent en partie les difficultés structurelles du pays et l’incapacité de l’État à jouer pleinement son rôle. Il appelle ainsi à un changement de paradigme, fondé sur la redéfinition de l’État, de la nation et de la République, afin de permettre à la RDC de retrouver une place à la hauteur de son envergure géographique, humaine et historique sur la scène internationale.

Sur le plan institutionnel, l’universitaire estime que le débat sur la forme de l’État est désormais incontournable. Il affirme que, dans un contexte de maturité politique plus avancée, le Congo pourrait théoriquement opter pour le confédéralisme, qu’il considère comme la forme la plus adaptée à la diversité du pays. Toutefois, il reconnaît le caractère instable de ce modèle. Il plaide donc pour une approche progressive, passant par un fédéralisme équilibré, capable de renforcer la gouvernance locale tout en préservant l’unité nationale.

Cette réflexion s’inscrit dans une dynamique intellectuelle plus large, portée par des acteurs congolais qui appellent à dépasser les clivages historiques et identitaires. À travers la littérature et le débat d’idées, l’événement de Goma met en lumière une autre facette du Congo, celle d’une société en quête de solutions durables, fondées sur la responsabilité collective, la réforme institutionnelle et la vision à long terme.