Le Parc National des Virunga (PNVi) a célébré le lundi 21 avril 2025 ses 100 ans d’existences.

Un siècle célébré dans un contexte particulièrement explosif avec des pressions multiformes dont une forte pression démographique, l’insécurité, la pêche illicite, les activités agricoles et la résistance des riverains ayant des effets négatifs importants sur la protection de ce patrimoine mondial.

La cité frontalière de Kasindi-Lubiriha en territoire de Beni au Nord-Kivu comptant environs 53.000 ménages dans la partie dite Congo Ya Sika, riveraine du parc national des Virunga ; compte à elle seule environs 22.000 ménages.

Cette croissance démographique autour du PNVi constitue une menace latente contre ce patrimoine, l’un des plus importants de l’Afrique créé le 21 avril 1925.

Dans le quartier Congo ya sika, au sud du poste frontalier de Kasindi, riverain du Parc national des Virunga ; Mr Kamathe et Madame Muhashendwa âgés entre 40 et 60 ans habitent dans cette partie conflictuelle.

Tout en reconnaissant l'importance du Parc national des Virunga, ils donnent leurs points de vues sur la protection participative de ce patrimoine : « Pour que ce Parc soit bénéfique à la population, il faut revisiter ses limites et nous remettre dans nos droits. Nous avons connu beaucoup de difficultés, et on ne sent pas son importance. C'est notre parc et nous devons le protéger ensemble en adoptant des attitudes positives. Ceux qui nous mettent à mal ce sont les écogardes qui ont implanté cette limite électronique. Avant, nous vivions dans un bon climat, mais actuellement c'est difficile d'y accéder, à part ceux qui y cherchent les bois de chauffe », ont-ils fait savoir affirmant n’avoir jamais bénéficié des infrastructures construites par le Parc.

Tout en reconnaissant les défis liés à l’explosion démographique dans le quartier Congo ya sika près du Parc national des Virunga qui compte au moins 22.000 ménages sur le 53.000 recensés en 2024 par le bureau du fonctionnaire délégué du gouverneur, ce dernier juge positives actions entreprises pour parvenir à une résolution pacifique du conflit entre l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et les riverains du PNVi qui se disputent les limites de ce patrimoine.

« Je crois qu'actuellement, tout va bien, et ces relations positives qui existent entre les populations et les écogardes de Virunga permettent la conservation participative. Néanmoins, il reste un grand défi, celui de pérenniser cette relation vu l'explosion démographique. Et pour essayer d'anticiper cela, il faut songer aux voies pacifiques », a dit Kambale Sivavughirwa Barthélémy.

De leur côtés, les juristes Kasereka Katsuva et José alias Kaneto estiment que les grands défis dans la protection participative c'est d’abord le non-respect de différents décrets créant le Parc : « Ce parc a été créé dans un contexte plein de défis, et cela est dû au non-respect des normes relatives à la création du Parc selon les textes légaux comme le décrets du 03 Juin 1906 qui définissait les terres indigènes qui ne devraient pas être annexés au Parc parce que la population dépend de ces dernières », ont-t-ils avancé.

Il faut dire que cette pression démographique a également des effets négatifs sur les écosystèmes ; notamment avec les activités agricoles, et les violations régulières des limites du parc, les activités de pêche illicite, la recherche des bois de chauffe, le braconnage, la carbonisation pratiquée même à l’intérieur du parc.

Cette situation est accentuée par la très grande pauvreté des populations vivant dans les pêcheries situées le long du Lac Edouard et autour du parc et la non application des textes réglementaires associés à la gestion et la protection de ce parc selon un article du Réseau pour la Conservation et la Réhabilitation des Écosystèmes Forestiers.

Notez que le Parc national des Virunga fait également face à l'insécurité grandissante qui secoue en grande partie la province du Nord-Kivu, caractérisée par l’activisme de nombreux groupes armés.

A l’occasion de la cérémonie de lancement des activités commémoratives du centenaire du Parc National des Virunga tenu le lundi dernier à Beni, chef-lieu provisoire du Nord-Kivu ; le Directeur Provincial de l’ICCN Emmanuel DeMerode a signifié que le Parc est grandement occupée par des forces négatives.

Il a indiqué ainsi qu’environ 50% du parc est sous occupation des groupes armés (M23, ADF, Maï-Maï, FDLR) et qu’environ 1.500 éléments armés actifs sont autour du parc.

Ceux-ci engrangent 30 millions de dollars par an comme revenus issus du trafic des ressources naturelles.

Il a signifié également que plus de 220 éco-gardes ont été tués en 20 ans depuis qu’il est à la tête du Parc des Virunga.