Comme d’autres acteurs politiques et ceux de la société civile en RDC, le Dr. Denis Mukwege est revenu sur la situation sécuritaire à l’Est du pays, particulièrement sur les récents combats meurtriers entre les forces gouvernementales et le M23, ayant conduit à la chute de la ville de Goma dans les mains des rebelles.
« Cette horrible boucherie humaine vient alourdir les statistiques de plus de six millions d'hommes, de femmes et d'enfants tués depuis trois décennies dans ces guerres sans fin imposées au peuple congolais », a déploré dans un communiqué l’ancien candidat à la présidentielle de 2023 qui a avancé que la communauté internationale, « ne dira pas qu’elle ne savait pas. »
Le Prix Nobel de la Paix qui a pointé du doigt la responsabilité du Rwanda « dans l’organisation et la conduite de ces guerres », a déploré qu’à ce jour, « rien de significatif n'a été fait pour arrêter ces graves violations du droit international et humanitaire » : « Tout au contraire, l'Union Européenne et plusieurs pays occidentaux ont maintenu leur coopération avec le Rwanda et continuent à financer indirectement, à coup de millions de dollars, ses expéditions guerrières et mortifères en RD Congo ainsi que le pillage de ses ressources minières », a poursuivi Denis Mukwege qui a rappelé n'avoir cessé d'alerter et de mobiliser depuis des décennies l’opinion internationale sur l’urgence d'imposer la paix en RD Congo et dans la région des Grands-Lacs africains, mais en vain.
« Comparée à l’intervention de l’Occident dans la guerre de l’Ukraine, celle du Congo est une guerre négligée et les vies congolaises n'ont objectivement pas de valeur suffisante pour mériter une attention. C'est la politique de deux poids deux mesures et de l'humanisme à deux vitesses que nous avons décriée et dénoncée à plusieurs reprises », a-t-il soutenu expliquant que les solutions existent pour « arrêter durablement cette catastrophe. »
Denis Mukwege a ainsi appelé à couper urgemment l’aide militaire et financier au Rwanda et de lui imposer des sanctions économiques.
Il a également signifié la nécessité de mettre en œuvre les recommandations de l’Accord-Cadre de la paix, la sécurité et la Coopération pour la RDC et la région, dit Accord-Cadre d’Addis-Abeba signé en 2013 par 11 pays dont la RDC et le Rwanda qui, selon lui, « avait déjà jalonné le chemin d'une paix juste et durable dans la sous-région des grands lacs africains. »
Enfin, expliquant que l'exploitation des ressources naturelles est le véritable nerf de la guerre, Denis Mukwege a préconisé l'approvisionnement licite, pacifique et gagnant-gagnant de ces ressources dans une optique du « Business for peace » qui promeut l'intérêt durable du peuple congolais en même temps que celui des entreprises désireuses des matières premières stratégiques dont regorge le sous-sol congolais.
Il a conclu en apportant son soutien à l'initiative du Pacte de la Paix des Eglises catholique et protestantes du Congo (CENCO-ECC), présentée cette semaine aux personnalités publiques congolaises dont le Président de la République ; tout en appelant à l’organisation d'une « Conférence internationale sur la Paix durable en RDC et dans la Région des grands-Lacs africains ».
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