Ce jour-là, 18 août comme aujourd'hui, mais en 1960, une réunion entre les stratèges du Conseil national de sécurité et le groupe spécial de l’Administration Eisenhower se tient à Washington.

Les Américains s’inquiètent de plus en plus de l’importance politique croissante de Lumumba au Congo.

On sent que dans la guéguerre qui l'oppose à Kasa Vubu, Lumumba risque de sortir vainqueur.

En plus, leurs appréhensions se fondent sur des rapports biaisés envoyés au Quartier général de la CIA par le chef de la station de Léopoldville.

En voici un extrait : "Ambassade et station estiment que le Congo est l’objet d’une tentative communiste pour renverser le gouvernement, nombreuses forces au travail ici : Soviétiques […], parti communiste, etc. Les forces anti-occidentales appuient de plus en plus le pouvoir congolais, et il ne reste peut-être que peu de temps pour agir afin d’éviter un nouveau Cuba." (Câble CIA, Dulles au chef de station, 28.7.60).

Dès ce jour-là, plusieurs tentatives d’assassinat (dont l’utilisation des produits biologiques mortels et l’empoisonnement par la pâte dentifrice) sont échafaudées mais finissent toutes par avorter.

La CIA ne veut prendre trop de risque, trop de personnes travaillent déjà à la préparation du meurtre de Lumumba.

Homme à abattre, Lumumba se retrouvera, dès ce jour-là, au centre de toutes les intrigues.

Durant tout le mois d’août 1960, les Belges, les Américains et les dirigeants de l’ONU envisagent sa destitution politique à travers l’actionnement d’hommes liges leur étant favorables. 

Andrew Cordier (adjoint du secrétaire général de l’ONU) confessera même en privé que "peu de larmes seraient versées si Lumumba devait disparaître de la scène politique congolaise".

Et le lundi 5 septembre 1960, à 20h15min, la machine est activée : Kasa Vubu passe à la radio et annonce brutalement la révocation de Lumumba qu’il va d'ailleurs appeler, sous l’émotion, "le 1er bourgmestre" (au lieu de Premier ministre).

Mais la réponse de Lumumba ne se fait pas attendre : après avoir appris sa destitution illégale, il décide, en tant que chef du gouvernement, de destituer à son tour le Président Kasa Vubu dont la fonction n’est que symbolique.

Quelques jours après, Mobutu s'invitera dans la danse pour, dit-il "mettre fin aux rivalités entre politiciens"... et c'était la fin de Lumumba. 

(Avec Benjamin Babunga, via www.babunga.alobi.cd)