Ce jour-là, 22 avril comme aujourd’hui, mais en 1995, massacre de plus de 2.000 civils Hutus au camp de déplacés de Kibeho (Rwanda), par des éléments du Front Patriotique Rwandais (FPR).

Les déplacés de Kibeho refusaient de rentrer dans leurs villages, après le génocide contre les Tutsis en avril 1994.

Les autorités de Kigali avaient demandé aux déplacés, quelques jours auparavant, de regagner leurs villages.

La grande majorité des déplacés n’osaient pas retourner chez eux, préférant aller grossir le camp de Kibeho, qui finit par compter jusqu'à 100.000 déplacés.

Bien plus, pour les nouvelles autorités de Kigali, ces camps de déplacés tenus par les Nations Unies étaient une entrave à la reconstruction et à la sécurité parce, qu'ils concentraient des génocidaires qui avaient peur de retourner dans leurs villages respectifs.

Le Front Patriotique Rwandais (FPR) estimait que 1 an après le génocide, chacun devait rentrer dans sa commune et, le cas échéant, répondre de ses crimes.

Kibeho sera considéré, à leurs yeux, comme une sorte de refuge de tous les génocidaires présents sur le sol rwandais.

En outre, Kigali ayant fait savoir que ce camp était un véritable arsenal d’armes, une force combinée de 2.000 militaires du FPR et de 1.800 Casques Bleus de la MINUAR fit une descente surprise dans le camp de Kibeho (et de Ngabo) et y imposa un couvre-feu de 24 heures.

C’est dans ce contexte que la journée du 22 avril devint une véritable apocalypse pour les déplacés.

Sous les yeux d’une demi-douzaine d’agences de l’ONU, de 3.300 casques bleus et de près de 120 ONG internationales, 2.500 soldats du FPR utilisent des armes.

Les forces du FPR assassinèrent, selon les sources onusiennes, près 2.000 hommes, femmes ou enfants.

La version des autorités rwandaises était que l'armée avait ouvert le feu après avoir essuyé des tirs des miliciens de l'ancien régime (FAR et Interahamwe) tentant de fuir.

En un après-midi, le camp de Kibeho était complètement saccagé.

L'image qui est restée de cet événement est celle du président de l’époque, Bizimungu, qui enjambait des cadavres et déclarait qu’ils ne sont que 300 ou 400.

Kigali avait d'ailleurs avancé un bilan de 338 morts.

Un procès avait eu lieu à la suite d’une enquête menée par les autorités rwandaises, sous la pression d’organismes des droits de l’homme.

En décembre 1996, le colonel Fred Ibingira, qui menait les troupes gouvernementales durant l’opération de Kibeho, sera jugé.

Mais il sera acquitté des accusations de meurtre et de l’utilisation d’armes sans ordre préalable.

Il ne sera plutôt reconnu coupable que de ne pas avoir su "prévenir les actes criminels par une action préventive et immédiate", puis condamné à 18 mois d’emprisonnement.

(Avec Benjamin Babunga, via www.babunga.alobi.cd)




Samuel Ntezilyayo

Samuel Ntezilyayo - 26/04/2023 15:51 - Répondre 

Merci pour information