Ce jour-là, 23 mars comme aujourd’hui, mais en 1966, soit 4 mois après son arrivée au pouvoir par le coup d’Etat du 24 novembre 1965, le Général Joseph-Désiré Mobutu s’attribue le pouvoir législatif en supprimant l’obligation de soumettre ses ordonnances-lois à l’une des chambres législatives pour confirmation.

Au Congo-Kinshasa, le mécontentement est général parmi les parlementaires, mais beaucoup se taisent par peur.

Toutefois, quelques courageux vont élever leur voix, dont les sénateurs Emile Zola et Emmanuel Bamba qui interviennent par motion pour demander quel rôle jouerait encore le Parlement dans ces conditions. Ils seront fortement applaudis.

A partir de ce jour-là, beaucoup d’hommes politiques vont discuter des possibilités d’écarter Mobutu.

Dans ces cercles de discussion se retrouvent aussi des officiers militaires.

En réalité, tous ces officiers militaires n’étaient que des appâts pour mieux piéger les politiciens et les pousser à aller plus loin dans la conjuration.

Quatre de ces politiciens seront pendus deux mois après, sur l’actuel emplacement du stade des Martyrs de Kinshasa : Evariste Kimba, Emmanuel Bamba, Alexandre Mahamba et Jérôme Anany. C’est les "Martyrs de la Pentecôte".

Au cours de la même période, Mobutu prendra d’autres mesures.

Sur le plan économique, dès la première décennie de son règne, Mobutu met en avant le nationalisme.

Par exemple, en 1967 il nationalise l’Union minière du Haut-Katanga (qui représente 50 % des revenus de l’Etat, 70 % de ses entrées de devises, et fait vivre 100 000 personnes).

Ces politiques de nationalisation vont de pair avec la politique de zaïrianisation et d’authenticité présentée à la même époque par Mobutu.

Sur le plan étatique, Mobutu est un centralisateur : il redessine le pays en 12 provinces et les prive de toute autonomie.

Le 24 juin 1967, la nouvelle constitution proclame le bipartisme : “Il ne peut être créé plus de deux partis dans la République”, à savoir le Mouvement Pour la Révolution (MPR) et … personne, puisque personne n’ose s’opposer à Mobutu.

Le bipartisme sera finalement rayé de la Constitution en 1970.

D’autres changements sont aussi à noter : les syndicats perdent toute autonomie, les fédérations de jeunesse et d’étudiants sont toutes regroupées au sein de la Jeunesse du MPR, le droit de grève est suspendu.

Le Congo-Kinshasa se dirigeait droit vers une des pires dictatures du continent africain.

(Avec Benjamin Babunga, Via www.babunga.alobi.cd)




Ésaïe Tsongo

Ésaïe Tsongo - 26/03/2022 14:48 - Répondre 

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