Dans une communication de ce jeudi 12 août 2021, le mouvement citoyen Lutte pour le changement a appelé les autorités à lever l’état de siège décrété dans les provinces du Nord-Kivu et Ituri.

La LUCHA explique que ce dernier a montré ses limites, 3 mois après son entrée en vigueur.

Rappelant qu’elle avait soulevé des inquiétudes au lendemain de l’instauration de l’état de à cause notamment du manque d’une évaluation préalable de la situation avec toutes les parties prenantes et d’une préparation conséquente de cette décision, la LUCHA note que « la violence venant des groupes armés négatifs et des éléments de l’armée s’est intensifiée, les droits des civils sont de plus en plus piétinés et l’administration locale est complètement à l’arrêt. »

Ce mouvement citoyen indique que depuis l’instauration de l’état de siège au moins 533 personnes ont été tuées dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri soit une moyenne de 6 civils tués par jour.

Il dénonce également l’affairisme de certains officiers de l’armée ainsi que le manque de soutien logistique et financier conséquent de la part du gouvernement.

Sur le plan des droits de l’Homme, la LUCHA exprime ses inquiétantes suite aux violations des droits de l’Homme avec la restriction de l’espace civique ainsi que des difficultés d’accès à la justice : « Les membres des services de sécurité se croient désormais tout permis et n’hésitent pas d’arrêter, de torturer, d’imposer des frais illégaux aux citoyens pour des faits non infractionnels. Les libertés publiques sont carrément mises en veilleuses et toutes les voix discordantes sont vigoureusement réprimées par un puissant arsenal militaire visiblement préparé à taire toute protestation contre la persistance de l’insécurité plutôt que taire l’insécurité elle-même », déclare la LUCHA dans son communiqué.

Elle estime que « du fait du manque d’une évaluation sans complaisance des causes et des acteurs des violences armées ainsi que des échecs des opérations militaires successives depuis 2014, l’échec de l’Etat de siège était prévisible malgré la bonne foi des populations » : « Il faut maintenant tirer les leçons de ces limites majeures de l’état de siège comme stratégie de pacification et envisager des alternatives crédibles », indique la LUCHA qui appelle les autorités à lever l’Etat de siège afin de faire une évaluation sans complaisance et avec la participation des populations affectées, afin d’identifier les vrais remèdes aux tueries, à l’insécurité et aux violences armées à l’Est de la RDC et les appliquer. »

En attendant, elle appelle à démilitariser complètement les administrations publiques (perception des impôts et taxes, gestion financière des provinces et des entités locales/décentralisées, questions économiques, sociales et culturelles...) pour permettre à l’armée de concentrer ses efforts spécifiquement sur les opérations militaires et non sur des questions de gouvernance locale ; et à rétablir les juridictions civiles dans leur compétence ordinaire et fixer les infractions spécifiques ayant trait à la sécurité pour lesquelles les juridictions militaires seront compétentes conformément à l’article 156 de la constitution.

Elle félicite par ailleurs l’armée pour ses nouvelles initiatives de contrôle des fonds alloués aux opérations militaires, et appelle à soutenir financièrement et sur le plan logistique les opérations militaires de l’armée en la dotant d’une logistique de guerre conséquente, d’une solde digne et payée à temps, de la ration alimentaire suffisante, des soins médicaux complets, des camps militaires mieux équipés, etc.

Enfin, elle demande le remplacement de la force militaire de la MONUSCO, associée aux opérations militaires en cours, avec une entité internationale combattante ayant un mandat et des moyens adéquats pour protéger les civils, neutraliser les groupes armés et poursuivre la réforme du secteur de sécurité.




Job KAKULE

Job KAKULE - 12/08/2021 12:47 - Répondre 

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