Depuis plusieurs années, les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri accueillent de nombreux ateliers organisés par des ONG humanitaires et de défense des droits humains. 

Ces ateliers abordent des thématiques essentielles portant notamment sur la lutte contre les violences basées sur le genre, la diffusion des principes humanitaires, ou encore la prévention de la désinformation.

Ces sujets sont cruciaux pour la survie, la protection et le bien-être des communautés, particulièrement dans des zones où la violence, la pauvreté et la fragilité institutionnelle entravent le quotidien des habitants.

Malgré la pertinence des thématiques, l’impact réel de ces ateliers reste limité. Sur le terrain, les violences continuent, la désinformation persiste et les pratiques humanitaires peinent à s’ancrer dans le quotidien.

Les populations constatent que ces initiatives, bien que nombreuses, produisent peu de changements tangibles dans leurs villages et villes.

Les défis organisationnels et humains

Un des problèmes récurrents réside dans la gestion des frais de participation, prévus pour le remboursement des frais de transport (en moyenne 5 dollars).

Dans certaines localités, ce montant devient un objectif en soi, parfois même revendu, détournant l’attention des contenus des ateliers.

Beaucoup de participants s’intéressent davantage à l’argent ou aux repas offerts qu’aux messages véhiculés.

De plus, les ateliers réunissent souvent les mêmes participants, limitant la diversité et l’inclusion.

Les jeunes, les femmes rurales, les déplacés internes et d’autres groupes vulnérables restent rarement impliqués, réduisant ainsi l’efficacité et la portée sociale des activités.

Repenser l’approche pour un impact réel

Pour que ces ateliers atteignent leur objectif de transformation sociale, il est indispensable de revoir les méthodes et d’adopter des pratiques conformes aux standards de la gestion et administration des projets à savoir :

1. Planification participative : associer les communautés dès la conception des ateliers pour répondre à leurs besoins réels.

2. Ciblage inclusif : diversifier les participants afin de garantir une représentation équilibrée et crédible des différents groupes sociaux.

3. Indicateurs de performance clairs (KPI) : définir des critères mesurables pour évaluer l’impact concret des ateliers sur les comportements et les pratiques communautaires.

4. Suivi-évaluation rigoureux : analyser systématiquement les résultats après chaque activité avant de lancer de nouvelles sessions.

5. Gestion axée sur les résultats (GAR) : privilégier les effets tangibles et durables dans la communauté plutôt que la simple exécution des activités.

6. Redevabilité : rendre compte aux communautés et aux bailleurs des moyens investis et des résultats obtenus pour renforcer la confiance et la transparence.

L’importance de l’impact réel

Les ateliers restent des instruments essentiels pour la sensibilisation et le renforcement des capacités locales.

Cependant, tant que les approches actuelles continueront de privilégier le « remboursement » et les avantages matériels au détriment du contenu et de la participation réelle, les résultats risquent de rester superficiels.

Il est temps de replacer la communauté au centre des initiatives, d’impliquer des participants réellement représentatifs, de suivre l’impact sur le terrain et de mesurer les changements concrets.

Ces ajustements permettront de transformer les ateliers en véritables leviers de transformation sociale, capables de répondre aux besoins réels et urgents des populations du Nord-Kivu et de l’Ituri.

Par Fred Mastaki