
Alors que la République démocratique du Congo affiche des indicateurs macroéconomiques positifs, notamment grâce à la hausse des exportations minières, l’African Security Analysis (ASA) met en garde contre une crise plus profonde.
Dans son dernier rapport publié le 22 juillet 2025, l’organisation révèle des failles graves dans la gestion des finances publiques, qualifiées de « crise structurelle de gouvernance financière ».
Selon l’ASA, plus de 15 % des dépenses publiques du premier trimestre 2025 ont été effectuées en dehors des procédures budgétaires normales.
Et pour cause, la multiplication de justifications liées à la situation sécuritaire à l’Est du pays.
Des achats militaires sont effectués sans appel d’offres, ni transparence, ni contrôle externe ; ce qui crée un climat propice aux détournements : « Le recours abusif aux dépenses exceptionnelles affaiblit la chaîne de contrôle budgétaire et ouvre la porte à des pratiques opaques », souligne le rapport.
Une décentralisation à risques
Autre constat alarmant, l’exécution budgétaire reste désorganisée et les réformes sont au point mort.
Le transfert massif de ressources aux provinces, sans mécanismes de suivi solides, a conduit à une gestion déséquilibrée du territoire.
Dans plusieurs cas, les autorités locales agissent comme des entités indépendantes, sans rendre compte ni coordonner avec les structures centrales.
Bien que la dette publique reste modérée en proportion du PIB, sa structure est jugée fragile.
La RDC dépend fortement des revenus miniers et des emprunts concessionnels, ce qui l’expose aux chocs exogènes, comme la volatilité des marchés, l’insécurité régionale ou encore les effets du changement climatique.
Une alerte sur la crédibilité de l’État
Pour l’ASA, le problème dépasse les chiffres : c’est la crédibilité budgétaire de l’État qui est en jeu.
L’absence de rigueur dans la planification et l’exécution du budget pourrait freiner les partenariats internationaux, décourager les investisseurs et affaiblir durablement la capacité de l’État à répondre aux besoins sociaux et sécuritaires.
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