Le Rwanda est un pays économiquement et financièrement non viable. Et la situation est loin de changer. Au lieu de mener des guerres de pillage qui pourraient conduire à son anéantissement, le Rwanda ferait mieux de négocier avec la RDC pour qu'on envisage ensemble de mettre en place une confédération d'Etats, qui à long terme pourrait aboutir à son annexion par la RDC.  En effet, les congolais commencent à en avoir ras le bol de ces guerres d’usure qui lui sont imposées par ses voisins et qui durent depuis bientôt 30 ans faisant à chaque fois de nombreuses victimes des crimes graves. Il est à craindre que dans un avenir proche, les congolais prenant conscience de leur force ne décident de marcher sur Kigali et de réduire à néant les efforts notables déjà réalisés par ce pays après son relèvement du génocide qui l’a affecté. Si cela arrivait, le régime rwandais n’aurait qu’à s’en prendre à lui-même. 

L’histoire de la sous-région, nous apprend que dès l’occupation de l’Afrique par les puissances occidentales à la suite de la conférence de Berlin de 1885, la question de la survie du Rwanda s’est posée. Déjà, lors du tracé des frontières par la convention de Bruxelles du 11 août 1910, approuvée par la loi du 4 juin 1911, il avait été demandé aux rwandais qui voulaient vivre définitivement en RDC de traverser avec leurs familles et tous leurs biens dans notre pays. Les ressortissants de Kasha et des localités envoisinant Bukavu seraient issues de cette vague de migration rwandaise vers la RD Congo.  

Plus tard, le Rwanda, malgré ses problèmes démographiques a tenu jusqu’à 1962, l’année de son indépendance, parce que le Belge qui l’avait acquis parce que l’ont géré comme une colonie rattachée à la RDC lui faisant profiter des atouts de ce pays frère. En effet, après la défaite de l'Allemagne en 1918, et à la suite de l’accord Orts-Milner du 30 mai 1919 signé entre la Belgique et le Royaume Uni et accepté par le Conseil suprême des Alliés et Associés le 21 août 1919, la Belgique acquiert le droit d’administrer le Ruanda-Urundi. Dans sa tentative d’annexer et d’élargir ainsi sa colonie, la Belgique va appliquer à ces deux entités, le Rwanda et le Burundi les lois et les politiques qu’elle appliquait à sa colonie à savoir le Congo. Elle va donc administrer les trois entités comme si elles étaient un même Etat colonial. 

La RDC va ainsi aider à résoudre les nombreux problèmes démographiques, économiques et financières de ses deux voisins. 
Le franc congolais est imposé aux trois pays dès 1920. Bien plus, par sa loi du 30 juin 1922, la Belgique met en place une sorte d’union douanière et financière entre les deux territoires sous mandat et Congo, sa colonie. En effet, les marchandises sortant et rentrant au Ruanda-Urundi via la RDC seront exemptées de droit de douane. Par ailleurs, la circulation des personnes est tout autant libre. Ce qui permet de faire bénéficier ces entités d’énormes potentialités économiques du Congo.
Le Rwanda a toujours été un pays surpeuplé avec une forte densité de la population par mètre carré. En 1952, le Professeur Pierre Gourou, dans son livre intitulé la densité du Ruanda-Urundi, estimait que la densité démographique était de 89 habitants par kilomètre carré alors que celle de la RDC était de 4,23 habitant par kilomètre carré. En 2020, la Banque Mondiale estimait la densité du Rwanda seulement à 525 habitants par kilomètre carré alors que celle de la RDC est évaluée à 40 habitant par kilomètre. C’est-à-dire qu’au Rwanda 12,9 millions d’habitants se partagent un espace territorial estimé à 26 338 km². Ce pays est presque aussi grand que le territoire de Walikale (23,475 km2). 
Ceci n’est pas sans répercussions immenses sur la capacité de production économique de ce pays. Il faut ajouter à cela la pauvreté légendaire de son sous-sol. 

Pour résoudre ce problème démographique, les colons avait mis en place la MIB en 1937 (Mission d’Immigration des Banyarwanda) dont l’objectif était de transplanter des Rwandais et les Burundais à travers toute la RD Congo. Ces transplantations de Banyarwanda se sont étendues non seulement au Nord et au Sud Kivu mais jusqu’au Kongo Central, dans le Tanganyika, dans le Haut Katanga, voire même dans le Grand Kasaï. Puisant dans le patrimoine humain rwandais, les belges voulaient répondre à l’insuffisance de la main d’œuvre congolaise pour la construction des chemins de fer, l’exploitation minières, la construction des ponts et chaussées, la construction des logements etc). 

La famine liée à la pauvreté engendrée par cette forte démographie a justifié la seconde phase de transplantation des Banyarwanda au Congo entre 1949 à 1953. 

Conscients de la dépendance économique de ces entités (Ruanda-Urundi) vis-à-vis du Congo, les leaders tutsis du Ruanda-Urundi se seraient rapprochés de Lumumba pour négocier que ces deux entités soient annexées au Congo et qu’elles deviennent indépendantes à l’ombre du grand Congo. Ils avaient déjà compris que leurs pays, détachés de la RDC. (Suivre à ses propos l’éminent professeur Ndaywel).

On peut dès lors comprendre pourquoi Mobutu a permis que les deux pays pauvres, membres de la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs CEPGL ne contribuent chacun qu'à hauteur de 25% alors que la RDC apporte 50% au budget de cette organisation.

Apparemment, la participation du Rwanda au côté de la RDC à de nombreux regroupements économiques régionaux ne suffit pas à résoudre ses problèmes économiques. Le Rwanda craint par exemple d’être isolé par l’adhésion de la RDC à la Communauté de l’Afrique de l’Est. En effet, si la RDC contourne les frontières rwandaises et renforce ses échanges avec le Kenya en passant par la Tanzanie et l’Ouganda, les dirigeants rwandais seraient aux abois. Ils ne sauront plus répondre aux demandes de plus en plus croissantes de sa fourmillante population.

La pauvreté quasi congénitale du Rwanda persiste aujourd'hui. Et les guerres de pillage, les aides au développement ne sont que des solutions à court terme. 

Déjà, la communauté dite internationale est en train de se lasser de garder indéfiniment ce malade incurable sous perfusion et sous oxygène depuis des décennies. Elle en a marre de toujours suppléer au budget de ce pays en y versant chaque année des centaines des millions des dollars sous la forme d’aide au développement. 
Aujourd’hui, on a l’impression que cette communauté dite internationale se réjouit du fait que les pillages de la RDC peuvent aider le Rwanda à se développer au détriment de son voisin dont la gouvernance politique et économique laisse à désirer. Cela donne aux pays occidentaux un moment de répit et permet à ce voisin belliqueux de survivre, de garder la tête hors de l'eau pendant que les la Grande Bretagne, la France, les Etats Unis, l’Allemagne s’occupent de leurs ukrainiens. 
La Communauté dite internationale donne l’impression d’encourager le Rwanda dans sa dynamique malfaisante contre la RDC. En effet, en restreignant les possibilités d’accéder à un armement plus performant et en fermant les yeux depuis 25 ans sur les violations graves des droits de l’homme des massacres des congolais, sur les pillages de ses ressources, sur les déplacements internes de population, les occidentaux apportent un soutien moral évident au régime rwandais. On sait d’ailleurs que les bénéficiaires finaux des pillages des matières premières sont ces Etats occidentaux. 

En RDC, cette communauté dite internationale préfère se voiler la face et gérer les conséquences de la guerre notamment en distribuant de l’aide dite « humanitaire » aux victimes de la barbarie et des prix à quelques congolais qui viennent au secours de leurs frères. 

Mais un jour la RDC retrouvera sa puissance économique et militaire d'antan et les pillages ne seront plus possibles. Il convient d’ores et déjà de réfléchir sur des solutions plus structurelles et qui s’attaquent aux causes. Les causes superficielles comme la prétendue protection du régime rwandais aux tutsi congolais, la prétendue présence des génocidaires dans les rangs des forces armées congolaises etc. qui servent de prétexte aux agressions ne suffisent plus. Ces alibis ne cachent plus suffisamment le besoin du régime rwandais d’utiliser les guerres pour satisfaire aux demandes de sa population.
Le régime rwandais devrait arrêter d’inculquer aux Rwandais et aux tutsi congolais des mythes destructeurs parce que porteurs des germes de conflit. C’est à la fois erroné et irresponsable de convaincre la population rwandaise que le Rwanda s’étendait sur tout l’Est de la RDC. C’est absolument criminel de faire croire aux tutsi qu’ils étaient l’ethnie dominante sur cette partie de notre pays. C’est faire preuve d’une naïveté politique et d’un manque d’intelligence innommable que de faire croire aux rwandais que la racialisation des rapports sociaux initiée par les colons belges qui donnait les tutsi comme la race supérieure aux autres et dont on connait les effets en 1959 et en 1994 peut être étendue sans dommage sur des dizaines de millions d’habitants congolais répartis dans plus d’une vingtaine d’ethnies de l’Est. Ce serait quasiment suicidaire de lancer la communauté tutsi du Rwanda et du Congo contre tous les congolais en nourrissant chez eux des attentes irréalistes consistant dans l’accaparement du sol et du sous-sol.
Manipuler les réfugiés tutsi congolais, qu’on a marginalisé dans la société rwandaise alors qu’ils ont apporté une contribution suffisante à la victoire du FPR sur le régime d’Habyarimana n’est pas une solution. Leur retour bien négocié sera un jour effectif je l’espère. Mais ce retour ne résoudra pas les vrais problèmes du gouvernement rwandais qui sont des problèmes d’ordre économique et financier. Il en est de même de la manipulation des Banyamulenge qui font partie de la population congolaise au regard de la constitution et de la loi de 2004 sur la nationalité. Dès lors cette partie de la population est sous la seule et unique responsabilité de la RDC. Les interférences du Rwanda dans la gestion de la population congolaise sont absolument ridicules et inacceptables. Elles ne servent qu’à justifier les guerres et les violations massives des droits de l’homme qui s’en suivent. 
Utiliser des tels mythes conflictuels pour engager les jeunes du Rwanda dans une guerre la RDC qui a maintenant duré presque 30 ans et qui risque de durer encore plus de 100 ans c’est lancé un suicide collectif contre son propre peuple, c’est risquer de pousser les congolais à bout pour qu’ils commettent l’irréparable comme ce fut malheureusement le cas en avril 1994. Bref, pour les dirigeants rwandais, c’est faire preuve d’un manque d’intelligence politique et pour les Etats occidentaux qui soutiennent cette politique, c’est faire preuve d’une naïveté criminelle. 

Nous pensons quant à nous, que le gouvernement rwandais devrait jouer carte sur table. Une analyse et une présentation correcte de ses problèmes économiques aux congolais et à la communauté internationale. L’extrême pauvreté est un secret de polichinelle.  Il faut maintenant que le Rwanda arrive à assumer qu’il est un Etat extrêmement pauvre, au-delà des apparences de prospérité. 

L’une des solutions pour le régime serait de convaincre la RDC de créer cette confédération d'Etats. Peut-être que dans ce cadre et comme les belges l’avaient fait il y a près d’un siècle, la RDC pourrait envisager de l’aider à identifier des solutions idoines au problème de pauvreté endémique et de surpopulation de ce pays. 
La Confédération est un mode d’association d’Etats indépendants qui concluent entre eux un accord par lequel ils se lient afin de gérer en commun certains de leurs intérêts. Ce qui aurait pour avantage que les deux Etats à savoir le Rwanda et la RDC peuvent travailler ensemble avec plus d’engagement sur leurs intérêts communs, en tout cas mieux qu’ils ne le font actuellement dans le cadre la coopération bilatérale et multilatérale. Le rapprochement avec le Rwanda tenté par le Président Félix Tshisekedi n’a abouti n’a pas contenté Rwanda. On aurait espéré quelques années d’accalmie après les accords économiques léonins signés entre les deux présidents en faveur du Rwanda. Les congolais ont été déçus par cette nième agression survenue juste après l’adhésion de leur pays à la CEA.

Dans le cadre d’une confédération d’Etat, le Rwanda et la RDC pourraient signer des traités notamment sur les échanges économiques entre les deux pays. Ils pourraient s’entendre également sur la libre circulation des personnes entre les deux Etats. Ils pourraient envisager ensemble des tempéraments aux conséquences de l’adhésion de la RDC à la CEA ou à d’autres organisations sous régionales dans lequel le Rwanda sans la RDC n’apportera rien du tout. 

Ils pourraient aborder ensemble les questions sécuritaires, y compris la question des FDRL si tel est qu’ils sont un problème pour eux. Ils pourraient également s’accorder des facilités pour l’accès à l’emploi dans les deux Etats etc. Le problème majeur du Rwanda étant sa forte démographie qui augmentent de façon exponentielle sa demande des biens et des services alors que l’offre est quasi inexistante, les deux Etats pourraient ensemble discuter de la gestion de leur population aux frontières et de leur contribution à l’exploitation de certains secteurs économiques congolais. 
La Confédération étant souvent une transition soit vers la fusion en un seul Etat, cela laisse au Rwanda la possibilité d’envisager son annexion à la République Démocratique du Congo en tant que 27e province de ce pays. 

Bref, l’idée d’une confédération d’Etats pourrait aider à viabiliser, au-delà des apparences de prospérité, le Rwanda dont la situation financière et économique est pour le moins exécrable et embarrassante pour le régime. Cette solution permettrait d’arrêter les guerres pour une économie aussi faible. La guerre n’apportant que des réponses non durables.
La Confédération d’Etats en ce qu’il rapprocherait les rwandais et les congolais aideraient à diluer la stigmatisation des tutsi. En effet, les guerres conduites par le Rwanda contre la RDC renforcent l’idée que les tutsi congolais sont complices des tutsi rwandais. Ce qui rend pénible leur cohabitation avec les autres ethnies de la RDC. Grace à cette confédération d’Etats, on arrêterait de se faire la guerre. Et la stigmatisation des tutsi congolais disparaitrait d’elle-même.   

Mais l’idée d’une confédération serait inacceptable sans une justice transitionnelle. Il est vrai que des criminels de guerre sont hébergés, logés et nourris par le Rwanda. Il faudrait les extrader pour qu’ils soient jugés et punis. 

Aux gouvernants rwandais de réfléchir sur cette proposition et d’approcher les dirigeants congolais pour négocier. La RDC s’entourera des mesures de précautions pour se mettre à l’abris des atteintes à sa souveraineté et à son intégrité territoriale. 
Dans tous les cas, on sait que la Belgique qu’en acceptant le mandat et plus tard la tutelle sur le Rwanda Urundi, les belges ont vite fait de constater qu’ils s’étaient encombrer des territoires peu rentables. 
Cette ancienne puissance coloniale n’a eu d’autre choix de gérer les trois entités de la même façon. Ce qui lui permettait de donner à ces pays pauvres l’accès aux multiples opportunités économiques qu’offrent la République Démocratique du Congo. 
Rien n’est plus difficile que d’être riche dans un quartier pauvre. Il faut savoir gérer les voisins pauvres pour que leurs enfants affamés ne viennent pas casser vos greniers pour manger et survivre. Les guerres entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo ne vont pas résoudre le problème. Elles vont juste envenimer les rancœurs de congolais. Ceux-ci préféreront à prendre toutes mesures pour se défendre. Les victoires actuelles du Rwanda sont une solution éphémère. Ce qui se construit aujourd’hui en RDC par la guerre, sera un jour complétement détruit par la guerre.
Là où la coopération bilatérale et multilatérale est en train d’échouer, peut-être faut-il envisager une confédération de nos deux Etats avec à moyen terme la possibilité d’une annexion du Rwanda à la RDC ?

Pourquoi pas ? Rwandais et congolais, prenez le temps d’y réfléchir en toute sérénité. 

Par Bugandwa Zigabe Innocent, libre Penseur.

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