Par Claudel Lubaya

La lutte contre le chômage des jeunes – pourtant promesse électorale phare – est devenue l’un des plus grands embarras du mandat de Félix Tshisekedi. 

Après 7 ans au pouvoir, sa politique en matière d’emploi des jeunes reste marquée par trois caractéristiques majeures : des contradictions flagrantes, des engagements non tenus et une absence inquiétante de volonté politique.

Entre 2023 et 2025, le président Tshisekedi a adopté trois discours totalement différents – et incompatibles – sur cette question cruciale.

De la promesse ambitieuse… au silence total

Lors de la campagne électorale de décembre 2023, le président candidat promettait la création de 6,5 millions d’emplois en cinq ans, soit environ 1,3 million par an.

Cette promesse totalement irréaliste fut intégrée sans sourciller dans les cinq piliers du programme gouvernemental investi en mars 2024.

Promettre 6,5 millions d’emplois en cinq ans n’était pas seulement irréaliste : c’était un mensonge politique déguisé en programme.

Aucun mécanisme, aucune planification, aucune capacité institutionnelle ne permettait d’atteindre un tel objectif.

Il n’aura fallu que quelques mois pour constater que cette promesse n’était qu’un slogan de campagne, sans aucune intention réelle de mise en œuvre : aucun chiffre publié, aucun poste identifié, aucun secteur piloté, aucune réforme structurelle lancée.

Le gouvernement lui-même a cessé d’en parler. Le silence fait office de bilan. 

Décembre 2024 : revirement brutal et déresponsabilisation

Face à l’impatience de la jeunesse, le discours change du tout au tout. En décembre 2024, lors d’une prise de parole publique, Félix Tshisekedi, comme à son habitude, se rétracte et déclare que la création d’emplois ne relève pas de l’État, et que ce sont les jeunes qui doivent eux-mêmes entreprendre et créer des emplois.

L’État, dans cette nouvelle narration, n’est plus qu’un simple « accompagnateur ».

Ce changement radical met en lumière l’absence de vision économique et d’engagement véritable.

On passe d’un État promettant des millions d’emplois à un État qui renvoie la charge aux jeunes eux-mêmes. 

Novembre 2025 : le “Pacte national pour l’emploi” – un écran de fumée de plus

Le dernier acte en date de cette cascade de promesses non tenues s'est joué à cette mi-novembre 2025, avec l'organisation d'une « Table ronde sur l'emploi et l'entrepreneuriat des jeunes ». 

Cet événement, qui a réuni des jeunes et quelques officiels discoureurs, a été marqué par l'absence notable de la cheffe du gouvernement, dont le rôle aurait été de dresser un état des lieux des promesses présidentielles et de leur mise en œuvre.

Hélas, Madame a préféré se refroidir à l’hiver genevois, dans le cadre de l’une de ses nombreuses escapades gouvernementales pour éviter de s’ennuyer face aux embouteillages, aux tracasseries policières, aux inondations ; bref à l’illisibilité de sa politique.

Dans son discours, le président a soigneusement évité le sujet des six million cinq cent mille emplois promis.

A la place, il a présenté un « Pacte national », une formule vague dépourvue de contenu réel, sans calendrier, sans moyens, sans aucun mécanisme de suivi, sans aucune responsabilité clairement définie.

En réalité, il ne s’agit que d’une nouvelle couche de promesses abstraites, un discours sans substance pour masquer l’absence de résultats.

Une constante : absence de vision, absence de cap

De 2023 à 2025, les discours présidentiels en matière d’emploi des jeunes se succèdent, mais aucun ne s’inscrit dans une stratégie cohérente.

L’improvisation, les contradictions et les rétropédalages sont devenus la norme.

L’alternance entre promesses spectaculaires, déresponsabilisation et nouveaux discours sans contenu concret témoigne d’un manque profond de volonté politique.

Pendant ce temps, la jeunesse congolaise, livrée à elle-même et prise au piège de promesses recyclées, continue d’espérer des emplois hypothétiques, bercée par un discours démagogique qui sert davantage à anesthésier la frustration qu’à changer réellement la situation.

Par Claudel Lubaya