
La RDC, qui a connu plus de 3 décennies des conflits armés dans sa partie Est, fait de nouveau face à une guerre contre le M23 cette fois.
Après la résurgence en 2021 de ce groupe rebelle soutenu par le Rwanda, la problématique sur l’évaluation du nombre des victimes suscite de plus en plus de polémiques.
En effet, le gouvernement congolais, qui a dénoncé un carnage de la population civile, a d’abord avancé un bilan de 3.000 morts, ensuite 7.000 et désormais 8.500 morts et plus de 7.000 blessés après d’intenses combats qui ont eu lieu fin janvier 2025 et qui ont abouti à la chute de la ville de Goma ; ce que réfute le M23.
Son président Bertrand Bisimwa, avait même accusé le gouvernement congolais d’alimenter « une polémique honteuse autour des personnes mortes à Goma », affirmant que les corps qui jonchaient les rues de Goma sont ceux des soldats FARDC et ses alliés, « tombés sur le champ de bataille. »
De son côté, le ministre rwandais des affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, qui a accusé le gouvernement congolais ainsi que la MONUSCO de désinformation, a affirmé « qu’il n’y a eu aucun massacre des civils lors de la bataille de Goma. »
Il a avancé lui aussi que les personnes mortes lors des combats à Goma sont des militaires des FARDC et leurs alliés, les résistants Wazalendo ainsi que des éléments FDLR ; et donc pas des civils.
Le chef de la diplomatie rwandaise « avait déjà dénoncé la manipulation des chiffes des victimes de la crise sécuritaire à l’Est de la RDC », expliquant que le chiffre de 10 millions de morts à l'Est de la RDC « est inventé de toutes pièces. »
Pour lui, même le chiffre de 7 millions de déplacés internes ‘’suite à la guerre du M23’’, avancé par les organisations humanitaires « est tout aussi fantaisiste. »
La nécessité d'identifier les victimes au risque d'un déni
Un argumentaire qui interroge certains chercheurs et analystes qui estiment que la confusion dans l'évaluation du nombre de victimes de la guerre en cours risque de discréditer la cause de la RDC.
C’est à l’image de l’historien Benjamin Babunga qui déplore "une fluctuation des données" comme ce fut déjà le cas en en 2003 : « Nous assistons, une fois de plus, à une dangereuse confusion dans l'évaluation du nombre de victimes, comme ce fut le cas avec les "6 millions de morts" de la guerre d'agression contre la RDC (1998-2002), un chiffre qui, au fil du temps, s'est vu gonflé par certains à 10 millions, voire 15 millions », a-t-il écrit su X.
« Comment peut-on espérer être pris au sérieux avec une telle fluctuation des données, soumises aux intentions du moment ? Comment convaincre le monde de soutenir la cause du Congo si nous-mêmes faisons preuve d'une telle inconstance ? », s’est-il interrogé expliquant que les dirigeants congolais doivent faire preuve de rigueur et d’exactitude.
« Parmi ces morts recensés à Goma, combien étaient des militaires ayant résisté à l'aéroport, avant de capituler ? Combien étaient des civils ? Où sont les chiffres précis ? Faisons un travail de fond, identifions les militaires disparus, dressons la liste des civils abattus, établissons des données vérifiables. Ce n’est qu'à ce prix que nous pourrons éviter de répéter les mêmes erreurs du passé et défendre efficacement notre cause », a-t-il conclu.
Nous assistons, une fois de plus, à une dangereuse confusion dans l'évaluation du nombre de victimes, comme ce fut le cas avec les "6 millions de morts" de la guerre d'agression contre la RDC (1998-2002), un chiffre qui, au fil du temps, s'est vu gonflé par certains à 10… https://t.co/e6NvGngYaJ
— Benjamin Babunga Watuna (@benbabunga) February 28, 2025
1 Commentaire
Joseph Seven - 04/03/2025 16:47 - Répondre
🤔🤔🤔