Par Benjamin Babunga

Il est aussi un fait : Le Président Félix Tshisekedi a joué un rôle déterminant dans la désintégration des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) dès son accession à la tête du pays en 2019.

Les revers militaires auxquels nous assistons aujourd’hui résultent, en partie, de ses choix hasardeux et de décisions prises sans la rigueur stratégique qu'exigeait la situation.

Tenez ! Lorsque Félix Tshisekedi accède au pouvoir en janvier 2019, les officiers supérieurs des FARDC (notamment les Généraux) qu'il trouve sont ceux qui ont rejoint l'armée au cours des deux dernières décennies, notamment à la suite de l’avènement de l’AFDL en 1996.

Ce qui caractérise ces officiers supérieurs : ils ont été formés par le Rwanda et ont combattu aux côtés de ceux qui dirigent aujourd’hui le M23.

De ce fait, ils possèdent une maîtrise approfondie des tactiques de combat, en particulier de la stratégie "SONGA MBELE", un mode opératoire bien rodé dans les conflits de la région (AFDL, RCD, CNDP et M23).

Félix Tshisekedi s'empressera de politiser et de tribaliser l'armée. De nombreux officiers, issus de l'ex-AFDL, seront injustement accusés de connivence avec l'ennemi, ou alors on leur prêtera des intentions de continuer à faire allégeance à Joseph Kabila.

Certains seront incarcérés à la prison militaire de Ndolo, tandis que d'autres, placés sous l'autorité de l'État-Major à Kinshasa, se retrouveront en train d'errer dans la capitale, réduits à l'inactivité et privés de toute fonction.

Des généraux comme Mundos, Yav, Sikabwe, Smith, Ruhorimbere, Rugayi, Yav, Zelwa... se verront rappelés à Kinshasa, tandis que d'autres seront envoyés en prison, souvent sans motif valable, juste à cause de la méfiance du nouveau pouvoir, qui redoutait que ces généraux restent loyaux à l’ancien chef de l’État, Joseph Kabila.

Les FARDC se verront décapités de ces officiers rôdés à la technique "SONGA MBELE", victimes de décisions dictées par la crainte plutôt que par la raison.

Un nouveau type de Généraux et responsables de l'armée verra le jour... Des colonels, jugés loyaux au Chef de l'Etat, seront rapidement catapultés Généraux et chefs du commandement militaire....

=> Christian Tshiwewe.

En 3 ans, il gravira tous les échelons au sein du commandement supérieur des FARDC.

Entre 2020 et 2023, Félix Tshisekedi fera de lui d'abord Général Major, puis Lieutenant-Général, avant de le couronner avec le grade de Général d'armée, le grade le plus élevé dans la hiérarchie des FARDC, sans que Christian n'ait fait preuve d'un quelconque acte de bravoure au sein des FARDC, et sans qu'il n'ait remporté une quelconque victoire.

Chef d'Etat major des FARDC pendant 3 ans, sans réels résultats, Félix Tshisekedi le remplace en décembre dernier et fait de lui son Conseiller militaire.

=> Chico Tshitambwe.

Colonel du temps de Joseph Kabila, il est bombardé Général par Félix Tshisekedi qui lui confiera la direction des opérations dans l'est du pays, sans réels résultats.

Entre 2023 et 2024, des localités vont continuer à tomber sous contrôle de l'AFC/M23, sans que personne ne questionne sa capacité à gérer les opérations sur ce front Est.

En décembre Décembre 2024, malgré un bilan négatif dans l'est du pays, c'est à lui qu'on confiera la première zone de défense.

=> Eddy Kapend.

L'homme a passé 20 ans en prison, 20 ans durant lesquels il était coupé de la réalité militaire, privé de combat, d'entraînement et de commandement.

Colonel lors de son arrestation en 2001, il est libéré en 2021 par Félix Tshisekedi, puis catapulté au rang de Général au sein des FARDC... comme si deux décennies d’inaction pouvaient être effacées d’un revers de la main.

Pourtant, en 20 ans d'incarcération, on est déconnecté des dynamiques du front, on n'a plus de l'expérience sur les nouvelles stratégies de guerre, etc.

En octobre 2023, il se voit attribuer le poste de Commandant de la 22ᵉ région militaire.

=> John Tshibangu.

Arrêté et placé en prison du temps de Joseph Kabila pour (a) participation à un mouvement insurrectionnel, (b) rébellion et (c) désertion, l'homme finit par être libéré lorsque Félix Tshisekedi accède au pouvoir.

En 2020, Félix Tshisekedi l'élève au grade de Général de Brigade et le nomme Commandant de la 21ème Région Militaire (couvrant les cinq provinces de l'espace Kasaï).

Ce ne sont là que quelques exemples parmi tant d’autres.

Je pourrais allonger la liste, la décliner en une succession de décisions désastreuses qui, depuis 2019, ont méthodiquement démantelé l’armée congolaise (FARDC).

Mais ce bref aperçu suffit à illustrer une réalité implacable : l'effondrement progressif des FARDC sous le poids d'une gestion hasardeuse et d’une politisation dévastatrice.

Aujourd’hui, nous en payons le prix, et ce prix est lourd. Tout observateur averti de la politique congolaise sait qu'entre la transition de 2003 et le départ de Joseph Kabila en 2018, l’armée congolaise a connu des réformes profondes.

Tout n’était pas parfait, loin de là. Les défis étaient immenses, les résistances nombreuses.

Mais il y avait une volonté, une dynamique de structuration qui visait à donner aux FARDC une cohérence, une discipline, une capacité d’intervention réelle.

Année après année, des formations spécialisées avaient été menées, des unités mieux structurées, et surtout, on s'efforçait de créer une armée avec une véritable chaîne de commandement.

Puis vint 2019, et tout ce travail fut anéanti. L’armée, déjà fragile, fut transformée en un instrument politique, où la loyauté au pouvoir primait sur la compétence et l’expérience du terrain.

Les officiers chevronnés furent mis à l’écart, humiliés, arrêtés, relégués à l'inutilité, pendant que des nominations arbitraires et opportunistes venaient briser toute logique militaire.

Aujourd’hui, sur les fronts de l'Est (Nord-Kivu et Sud-Kivu), nos hommes tombent sous les balles d’un ennemi qu’ils ne connaissent pas, qu’ils ne comprennent pas.

Beaucoup de ceux qui combattent le M23 sont venus de régions lointaines, totalement étrangers aux réalités du terrain, n’ayant aucune connaissance des tactiques et des stratégies employées par cet ennemi.

Pourtant, d’anciens officiers des FARDC, ceux qui ont combattu ce même groupe armé par le passé, qui connaissent les forces et les faiblesses du M23, ont été écartés.

Ce sont eux qui auraient pu structurer la riposte, anticiper les mouvements adverses, conduire la contre-offensive avec efficacité.

Mais ils ont été sacrifiés sur l’autel des intérêts politiques, relégués aux oubliettes au moment même où leur savoir-faire était crucial.

Et nous en subissons aujourd’hui les conséquences dramatiques. Des territoires tombent, des populations sont massacrées, des soldats meurent faute de stratégie, faute de commandement.

Bon... Je vais m'en arrêter là ! Je tiens, toutefois, à rappeler qu'une nation ne se construit pas dans l’improvisation.

Une armée ne se rebâtit pas à chaque alternance politique. Si nous voulons éviter ce cycle destructeur, il est impératif d’établir un principe fondamental de continuité dans la gestion des forces armées.

Nous ne pouvons pas nous permettre qu’à chaque changement de Président, l’armée soit désarticulée, recomposée au gré des intérêts du nouveau pouvoir.

Si nous persistons dans cette erreur historique, nous passerons encore des décennies à errer sans jamais bâtir une véritable armée nationale.

Il est temps de comprendre que l’armée appartient à la Nation, pas à un régime.

Ce n’est qu’en respectant cette continuité que nous pourrons, enfin, donner aux FARDC la force, l’organisation et la résilience qu’exige la défense de notre souveraineté.

Par Benjamin Babunga Watuna.




Joseph Seven

Joseph Seven - 15/02/2025 21:29 - Répondre 

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